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Éric Métayer : "Les pédocriminels ou les pervers narcissiques vont vers des gens qui ont une faiblesse, un questionnement"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien, metteur en scène et réalisateur, Éric Métayer. Ce mardi 6 septembre 2022 à 21h10, sera diffusé sur M6 le téléfilm "À la folie", coréalisé avec Andréa Bescond.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le comédien, metteur en scène et réalisateur, Éric Métayer (VALERIE MACON / AFP)

Éric Métayer est comédien, metteur en scène et fils de l'humoriste Alex Métayer. En 1996, il est nommé pour le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle de Juan dans Aimez-moi les uns les autres de son père. Sa mise en scène en 2009 de la pièce : Les 39 marches lui permet d'obtenir le Molière de la pièce comique en 2010. Il partage la vie de la danseuse, comédienne, écrivaine, metteure en scène et scénariste, Andréa Bescond. Il a d'ailleurs mis en scène, en 2015, son livre : Les Chatouilles ou La danse de la colère, ce qui lui a valu un Molière. Cette pièce sera aussi portée à l'écran en co-réalisation.

Ce mardi 6 septembre sera diffusé, à 21h10 sur M6, le téléfilm À la folie qu'ils ont tous deux co-réalisé. Après les abus sexuels avec Les Chatouilles, ils abordent le thème de la perversion narcissique.

franceinfo : La perversion narcissique est un sujet quand même très tabou. Le fait que ça passe en prime, ça représente quoi pour vous ?

Éric Métayer : Ça représente qu'on peut s'y intéresser. Surtout qu’une chaîne de télé n'est pas en train de se dire que c'est rébarbatif, que personne ne va regarder. C'est déjà un grand pas de pouvoir passer ça.

À la folie est une fiction dans laquelle on retrouve Alexis Michalik dans le rôle d'un pervers narcissique et Marie Gillain dans celui de la victime qui va devenir bourreau parce qu'elle veut survivre.

En fait, c'est le même principe que la pédocriminalité. Les pédocriminels ou les pervers narcissiques vont vers des gens qui ont une faiblesse, un questionnement. Tout d'un coup, ils vous mettent dans une certaine position : "Regarde bien, c'est toi qui ne va pas bien, je pense que tu t'en rendras compte très vite". Nous, nous sommes en manque d'amour et la réaction c'est : "Oui, il a raison. C'est vrai. Je ne veux pas le perdre. Je vois bien que la faute est de mon côté". Ils sont très très forts avec ça.

C'est un sujet qui vous tient vraiment à cœur. La personne qui vit avec vous, justement, a écrit un texte qui correspondait à sa vie, Andréa Bescond. Elle a justement été attouchée, violée pendant toute son enfance par le meilleur ami de son père. C'est lourd à porter d'essayer justement de requinquer quelqu'un, de lui redonner confiance en lui ?

Je dis toujours à Andréa qu'elle est un genre de petite plante qui pousse sur l'autoroute. On se demande comment ça a pu traverser le goudron. Moi, je vis à côté, je vis avec elle, je ne fais que lui insuffler ma joie de vivre et ma force de vie. On accompagne, mais on n'est ni le gourou, ni le maître, ni rien du tout ou parce que sinon, on repart dans un système qui reproduit ça.

Les Chatouilles a marqué les esprits parce qu'on était en plein cœur du sujet. Ça a changé votre regard ?

Ça a surtout changé mon regard sur la société en général. J'avais toujours un espoir énorme. Très sincèrement, j'en ai de moins en moins. Je ne parle pas de la société civile et de ce qu'on est, ça, je crois énormément qu'on peut faire des choses. Au niveau sociétal, non. Je n'ai plus aucun espoir que ça change.

Il faut continuer à se battre contre les abus sexuels envers les enfants, mais vu le nombre de livres, de films qui ont été faits sur ces sujets-là et de voir ce que ça rapporte, c'est comme taper contre une montagne avec un petit piolet.

Éric Métayer

à franceinfo

Est-ce que vous avez des explications par rapport à ça ?

C'est-à-dire que ça ne coûte rien d'applaudir. On fait une pièce, on va applaudir ! On a des politiques qui sont venus, qui nous ont serrés la main et on s'est dit à ce moment-là : "Ah, il y a un intérêt. Cette fois ci, je crois qu'on est bon". Ce sont les associations qui font le boulot, mais eux, tant que ça ne coûte rien, il n'y a pas de problème, "On vous suit". Le jour où on dit : "Il faut mettre de l'argent sur la table parce qu'on ne peut pas s'en sortir". Il font vraiment : "Ah non, là, ça ne colle pas". C'est vraiment ça, l’argent c'est le nerf de la guerre.

Beaucoup de femmes et d'hommes ont parlé après Les chatouilles. C'est aussi le but de À la folie ?

C'est informer ces gens. Mais c'est aussi, je l'espère, montrer aux autres qu'ils ne les laissent pas. Ce qui se passe dans le film, c'est qu'on s'aperçoit que les amis les plus proches, ne le voient pas ou ils n'arrivent pas à intervenir. Et c'est ce qu'on voudrait dire. Si la personne essaye de sortir de l'eau et que tout le monde la regarde avec une bouée de sauvetage en se disant : "Je crois qu'elle va se noyer", mais que personne ne la lui lance, il y a beaucoup de chances pour qu'elle se noie.

Votre point de départ, c'est vraiment le théâtre. Ça a commencé par les cours Florent.

Oui, j'ai appris pas mal l'improvisation au cours Florent, mais le vrai point de départ, c'est mon père qui était comédien. Je me suis dit que quoique je fasse, on allait dire : "Son père l'a aidé pour avoir le rôle". Alors, quand j'ai fait de l'improvisation, personne ne pouvait dire : "Ah le texte qu'il est en train de dire, c'est son père qui lui a donné". Non.

À mes débuts, l’improvisation était ma valeur unique. C'est la "chose" qui m'a un peu sauvé de la problématique d’être un ’fils de’. Je me suis fait grâce à ça.

Éric Métayer

à franceinfo

Quand on parle de vous, on pense évidemment à : Hiver 54, vos premiers pas. On pense à Claude Lelouch et puis on pense au doublage de voix. Ça, c'est vraiment une passion pour vous ! Vous avez doublé Iago dans Aladdin, l'hippocampe de La petite sirène, le castor de La Belle et le Clochard.

À un moment donné, je voulais écrire un film sur un personnage de dessin animé qui est sorti de l'écran et qui se retrouve à essayer de se planquer dans la vraie vie parce que par moments, j'ai l'impression d'être un personnage de dessin animé qui s'est évadé d'un truc et qui, a la chance de pouvoir aller faire du doublage pour pouvoir utiliser sa vraie voix.

Comment vous vous définissez ?

Polymorphe.

Passionné ?

Passionné, oui. J'aime les gens, j'aime la vie, on en a qu'une ! 

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