"Heureuse hier, avant-hier et aujourd'hui " : Claire Nadeau s’épanouit au cinéma avec "Juste Ciel !" et au théâtre dans "Joyeuses Pâques"
Claire Nadeau est actrice. Apparue pour la première fois au cinéma aux côtés et sous la direction du réalisateur Yves Robert dans Salut l'artiste en 1973, le septième art lui a toujours réussi avec notamment des rôles remarqués dans Nelly et Monsieur Arnaud (1995) de Claude Sautet ou encore dans la série de films Les Tuche d'Olivier Baroux : Mamie Suze, c'est elle. Dans ce parcours, il y a aussi la télé avec deux émissions devenues cultes Co-Co Boy et Le Cocoricocoboy avec Philippe Bruneau et Stéphane Collaro. Ses personnages sont devenus mythiques comme celui de Madame Foldingue, le pastiche de Sue-Ellen de Dallas. Le théâtre lui a aussi offert un Molière dans un second rôle pour La Serva amorosa en 2010.
Ce mercredi 15 février 2023, elle est à l'affiche du film Juste Ciel ! de Laurent Tirard et Claire Nadeau joue aussi au théâtre Marigny jusqu'au 30 avril dans la pièce Joyeuses Pâques.
franceinfo : En parallèle de la sortie du film Juste ciel !, vous revenez à vos premières amours au théâtre Marigny avec la pièce Joyeuses Pâques. C'est une pièce mythique du répertoire populaire, créée il y a exactement 40 ans par Jean Poiret avec Maria Pacôme. Est-ce que c'est le théâtre que vous aimez ? Est-ce que c'est le cinéma que vous aimez, celui que vous proposez aujourd'hui ?
Claire Nadeau : Forcément, je les aime bien, sinon je ne le ferai pas ! Je suis ouverte à tous les autres styles et ceux-là me conviennent aussi.
Vous êtes toujours posée et en même temps, il y a ce petit grain de folie dans vos yeux.
Oui. Un petit décalage peut-être.
Vous étiez comment enfant ?
J'étais horriblement et maladivement timide et introvertie. Je suis toujours introvertie, évidemment, à la radio, ça ne s'entend pas !
"Je ne sais pas pourquoi les gens très timides se montrent devant les autres, sur une scène."
Claire Nadeauà franceinfo
Vos débuts au théâtre étaient un peu compliqués à cause de cette timidité et pourtant, vous avez persévéré. Ça veut dire que vous avez compris aussi que ce métier allait vous aider, justement, à vous épanouir ?
Oui, c'est le seul endroit où on n'est pas jugé pour ce qu'on est. On juge un personnage ou on reçoit quelqu'un d'autre que vous. Moi, c'est moi que je n'arrive pas à montrer, mais tous les autres, oui, tout va bien.
Le cinéma est rentré très vite dans votre vie. C'était une prolongation justement de ce que vous aviez appris avant avec le café-théâtre et les rencontres que vous aviez pu faire avec Coluche ou à l'équipe du Splendid...
Oui, bien sûr, c'était une rencontre très importante, mais ça n'a rien à voir avec le cinéma. Ça m'a permis surtout de me dire que oui, on avait le droit de faire des choses comme ça. Ça m'a vraiment ouvert des horizons.
Le théâtre, c'est une cour de récréation pour vous ?
Plus que ça, c'est un endroit où je me sens très bien. Vous me direz qu'on se sent bien dans les récréations, mais il y a des cours à côté. Oui, la vie, c'est un peu les cours et le théâtre, la récréation.
Elle représente quoi cette pièce pour vous ?
Joyeuses Pâques, c'est vraiment un Feydeau moderne où le type est pris dans un piège, dans un premier mensonge dont il ne pourra plus se dépêtrer jusqu'à la fin. Il va même le faire partir là où il ne voulait pas ! Oui, c'est Feydeau, ce sont les bandes dessinées, c'est rapide. Ce n'est pas forcément réaliste, c'est de la fantaisie, c'est drôle. En plus avec une grosse pensée pour Jean Poiret avec qui j'ai joué, avec qui j'ai eu le plaisir un peu vicieux de jouer une pièce qui s'appelait Rumeurs. Une pièce américaine qu'il avait adaptée et c'était à la fois absolument délicieux et en même temps torturant parce qu'il était toujours dans des improvisations, on ne pouvait pas suivre, enfin, c'était drôle.
Vous êtes construite avec des films, des rôles. Je pense aussi à Co-Co Boy ou au Cocoricocoboy, des émissions très fortes. Que vous ont-elles procuré ?
Je me suis amusée comme une folle pendant presque huit, neuf ans et je n'ai jamais autant couru de ma vie. Mais à tel point que parfois, on me repasse des extraits et je n'ai aucun souvenir d'avoir fait tel ou tel sketch, ou tel ou tel rôle. C'était intense.
Vous avez grandi, évolué avec des grands noms. Ils vous ont aussi permis de vous trouver, de savoir ce que vous vouliez faire ?
Coluche oui, tout d'un coup, c'était une bifurcation étonnante. C'était, tout d'un coup, la liberté. Puis c'était l'amitié, c'était une autre vie. À ce moment-là, j'ai changé complètement de vision. Je pensais que le théâtre, c'était le théâtre classique et je me disais : ce n'est pas tellement rigolo comme vie en fait. Et puis là, ça devenait très rigolo.
Là, vous êtes donc à la fois sur scène et à la fois sur grand écran. Juste ciel ! de Laurent Tirard sort ce mercredi 15 février 2023. On y parle de fraternité et aussi des femmes. Est-ce que vous avez le sentiment que les femmes, le rôle des femmes, en tout cas d'un certain âge, est en train d'évoluer au cinéma avec toutes les histoires qui sont sorties il y a peu de temps ?
Ce n'est pas grave.
"Ça me paraît normal d'être vieille à l'écran."
Claire Nadeauà franceinfo
Vous avez souffert de ça justement ?
Ça dépend dans quel contexte on a fait sa carrière. Moi, ça n'a jamais été dans la séduction où là, ça devient compliqué effectivement. C'est incontournable, une vieille femme est moins attirante qu'une jeune femme, c'est comme ça pour les histoires d'amour. Mais moi, j'ai toujours été un peu à côté de ça. On ne m'a jamais donné un rôle de séductrice, quoi. Je n'en aurais pas voulu de toutes façons.
Heureuse de ce parcours, de ce que vous avez déjà accompli ?
Heureuse hier, avant-hier et aujourd'hui. Demain n'existant pas, j'espère l'être aussi. Mais bon !
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