Hubert Védrine : "C’est Chirac qui a signé, puis il était content, mais c’est Jospin qui m’a trouvé"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui revient sur longue carrière politique à l'occasion de la sortie de son livre, coécrit avec son fils Laurent, "Olrik, la biographie non-autorisée", paru aux éditions Fayard.
Olrik la biographie non-autorisée, est le fruit de l’enquête menée par Hubert et Laurent Verdrine sur Olrik, le personnage maléfique dans la bande dessinée de Blake & Mortimer créée par Edgar P. Jacobs. Qui se cachait derrière ce sombre personnage dans la vraie vie ?
Rien d’étonnant à ce qu’Hubert Védrine se penche sur ce genre littéraire puisqu’il a toujours été fan de littérature et des livres en général "mais aussi la BD" en précisant : "Je n’ai jamais vu de séparation entre la BD et les livres" et explique qu’il grandit dans une famille où cohabitaient dans la bibliothèque : "Tous les livres classiques que vous pouvez imaginer mais toutes les BD. À mon époque c’était encore le Journal de Mickey, c’était les Tintin".
Blake & Mortimer, j’ai dû le découvrir avec l’Enigme de l’Atlantide puis ça m’a toujours passionné, ça a toujours fait partie de ma vie et donc ensuite tout naturellement de celle de Laurent, mon fils aîné
Hubert Védrineà franceinfo
Hubert Védrine explique que toute sa vie, il a beaucoup lu de récits de voyages, d’aventuriers en précisant que ce monde n’existe plus, est passé "j’ai un peu la nostalgie de ça, donc la BD c’est une ouverture, encore maintenant j’en lis régulièrement". C’est ému qu’Hubert Védrine évoque son père, que Laurent a aussi connu : "Mon père est central". Un homme, ancien prisonnier de guerre en 1940 qui lui a transmis le goût de ces choses-là.
C’était un homme [son père] qui adorait le contact avec les jeunes, la transmission, la pédagogie, il était assez disponible, il avait organisé sa vie comme ça. Il m’a transmis c’est évident, le goût de l’explication, de la pédagogie, du débat
Hubert Védrineà franceinfo
C’est aussi par son père qu’il côtoie dès son enfance, François Mitterrand. Les deux hommes se rencontrent pendant la guerre au commissariat aux prisonniers à Vichy, ils ont 24-25 ans et restent fidèles l’un à l’autre par la suite : "Il y a comme une sorte de coup de foudre amical", raconte Hubert Védrine. Il grandit donc au contact du futur président de la République par des dîners chez ses parents ou encore des goûters d’anniversaire rue Guynemer, le domicile des Mitterrand, dont il reste des photos.
Mitterrand et les autres, ces bienfaiteurs
Il raconte au micro d’Elodie Suigo qu’après avoir fait l’ENA puis son stage en préfecture d’usage à l’époque, il revient à Paris et va voir François Mitterrand de lui-même. "Pendant une heure, François Mitterrand ne m’a parlé que de ma famille, donc il y avait comme une sorte de lien transmis à travers toutes les péripéties."
J’ai eu comme ça comme des sortes de bienfaiteurs sur ma route
Hubert Védrineà franceinfo
Il entre dans l’équipe du président au début des années 1980 et devient le porte-parole de la présidence de la République en 1988, puis secrétaire général de la présidence de la République de 1991 à 1995.
Il est nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Lionel Jospin (1997 à 2002) sous l’impulsion de ce dernier : "C’est Chirac qui a signé, puis il était content, mais c’est Jospin qui m’a trouvé". Hubert Védrine est un homme fidèle et loyal et il revient sur l’échec du candidat Lionel Jospin, alors Premier ministre, aux élections présidentielles de 2002 : "J’ai durement vécu pour lui disons, le fait qu’à part avoir été un Premier ministre exceptionnellement bon, j’ai regretté pour lui qu’il y ait eu ce déphasage entre la qualité de Premier ministre, son travail et en même temps la campagne présidentielle qui n’a pas du tout été pensée comme il le fallait. Donc, j’ai vécu avec lui ce moment difficile".
Il quitte le ministère sans amertume
Après cet épisode, Hubert Védrine quitte ses fonctions ministérielles sans amertume : "Après, moi, je ne faisais pas une carrière politique au sens classique, ce qui était prodigieusement intéressant pour moi, c’est d’être là où je suis, dans les conditions où je l’ai été. Avec une liberté plus grande en cohabitation."
Ce grand lecteur continue de s’évader en lisant ou relisant des classiques : "Je suis insatiable" et confirme que la BD fait toujours partie de son univers. Une certaine logique donc, à se pencher sur le personnage d’Olrik avec son fils tout en précisant qu’il a fallu batailler pour publier cette biographie non-autorisée : "Nous avons été contrecarrés, combattus, mis en garde".
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