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Hugo Clément sur son engagement en faveur de l'environnement : un combat "pour que mes filles aient la possibilité du bonheur"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, Hugo Clément, journaliste et producteur de la série de documentaires "Sur le Front" pour France 5. Il publie "Journal de guerre écologique" aux éditions Fayard, un ouvrage composé de récits issus de ses enquêtes menées à travers le monde entier.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le journaliste Hugo Clément le 18 juin 2019 à Paris (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

C’est pour informer et montrer que des solutions existent pour protéger notre planète qu’Hugo Clément publie Journal de guerre écologique. Le mot "guerre" n’est pas trop fort, explique-t-il : "Sur la question environnementale, il y a une guerre mondiale qui est en train de se dérouler aujourd’hui. Avec des batailles un peu partout dans le monde, avec d’un côté des gens qui essaient de sauver ce qui peut encore l’être, de protéger ce qui peut encore l’être, de jeter les bases d’un nouveau monde. Et puis de l’autre, des puissances industrielles, politiques qui détruisent le vivant, détruisent la biodiversité". Et il ajoute que ce n’est pas un abus de langage.

Il y a vraiment des gens qui prennent des risques pour leurs vies, des gens qui meurent un peu partout sur la planète pour préserver l’environnement

Hugo Clément

à franceinfo

Hugo Clément, à travers le récit de ses enquêtes, nous livre son regard sur l’état de notre monde. Un exercice pas forcément aisé du fait de l'exigence d’impartialité inhérente à son métier de journaliste. Il reconnaît qu’il y a des moments où son opinion personnelle transpire, quoiqu’il en coûte : "On demande beaucoup aux journalistes d’être totalement objectifs. Moi, je ne crois pas trop à l’objectivité totale, je pense qu’on n’est pas des robots, on ne peut pas se blinder en permanence et qu’il y a des moments où ce que l’on pense, ce que l’on ressent, transparaît dans la manière dont on fait nos reportages, et c’est normal. On peut faire le travail honnêtement en laissant transparaître une forme d’empathie et en donnant son avis sur certaines choses, ce que j’assume complètement".

Hugo Clément, la trentaine, est très présent sur les réseaux sociaux. "Un formidable outil" selon lui, pour faire avancer les choses, "pour élever le niveau d’informations des gens sur ces questions parce qu’il y a encore peu d’espace dans les médias qu’on appelle 'mainstream', c’est-à-dire les grandes chaînes de télé, les grandes chaînes de radio, pour parler de ces questions environnementales".

Les réseaux sociaux sont un espace indispensable et il y a beaucoup de choses dans ce livre qui sont le fruit de suggestions des gens qui suivent mon travail. Donc cette relation, pour moi, est fondamentale.

Hugo Clément

à franceinfo

Un rêve devenu réalité

Au micro d’Elodie Suigo, il parle aussi de lui, de ses parents, son père enseignant à la retraite, sa mère enseignante aussi mais toujours en activité. Une famille aimante pas riche financièrement mais riche autrement qui lui transmet l’essentiel "ce que Bourdieu appelle le capital culturel. C’est-à-dire la facilité d’apprendre, je pense. La curiosité vis-à-vis du monde, le goût pour le débat". C’est aussi par leur prisme que son regard se tourne très jeune vers le journalisme : "J’ai toujours été passionné par l’actualité. Quand j’étais petit, tous les soirs avec mes parents, on regardait le journal de France 2 de David Pujadas".

Cette passion d’enfant, il en fait son métier et lorsqu’il intègre la rédaction de France 2 après ses études de journalisme, c’est le présentateur du 20 h qui, parmi quelques autres, lui apprend les ficelles du métier. "Je connaissais tous les journalistes de France 2" dit-il, et se remémore avec ses yeux d’enfant l’admiration, par exemple, pour la "grande reporter" Samah Soula : "Quand j’étais petit, je la voyais, un jour elle était au Liban, le lendemain, elle était aux Etats-Unis et ça me fascinait en fait, cette capacité à être présent à l’endroit où ça se passe. J’avais envie d’être eux, j’avais envie d’aller là où l’actualité guidait les pas des journalistes. C’était ça le moteur de mon engagement professionnel au début." Parvenu à ses fins, il explique qu'il prend conscience au fil du temps de l'impact que peut avoir le journalisme : "Un outil formidable pour essayer de faire changer les choses dans le bon sens".

Le journalisme et ses dangers

Cela fait quelques années qu’à son tour il enquête aux quatre coins du monde, non sans rencontrer des difficultés, des menaces, non sans être aussi confronté à des dangers : "Il y a des gens qui n’ont pas envie qu’on s’intéresse à certaines choses".  Il raconte que lui et son équipe ont été arrêtés en Australie, mis en prison pendant quelques heures car ils enquêtaient sur l’industrie du charbon. "Le gouvernement australien n’avait pas du tout envie que la presse internationale donne cette image de l’Australie". Ou encore leurs craintes avant un rendez-vous fixé par le cartel de Sinaloa, "un des cartels les plus dangereux du Mexique" qui fait commerce de produits illicites et qui, désormais, braconne le poisson totoaba dont la vessie aurait des vertus miraculeuses en Chine, vendue aussi chère que la cocaïne "parce que ça rapporte encore plus que la drogue et c’est moins dangereux". Une pratique qui d’après ses observations, abîme inexorablement la biodiversité dans le Golfe de Californie avec des filets illégaux qui détruisent les totoabas comme les tortues, les baleines, les requins, les dauphins. "Le plus bel aquarium du monde", selon le commandant Cousteau, se meurt.

Oui, enquêter peut être dangereux et Hugo Clément tient à mettre en lumière tous ces combattants anonymes, empêcheurs de tourner en rond qui luttent parfois au prix de leurs propres vies et celles de leurs familles pour un monde meilleur : "L’essentiel des menaces, l’essentiel des dangers, ce sont les gens sur le terrain qui les subissent (…) Nous on va dans un endroit et puis on s’en va, donc forcément c’est plus facile pour nous de dénoncer les choses".

Ce livre ce n’est vraiment pas un livre moralisateur pour dire aux gens 'il faut faire ci, il faut faire ça'. Ce sont des pistes d’actions, des pistes de réflexions pour montrer des solutions qui fonctionnent et pour dire que c’est possible de faire mieux.

Hugo Clément

à franceinfo

Hugo Clément a aussi en tête de laisser à ses enfants un monde plus beau : "La source de ce combat, moi je la trouve dans les générations futures et dans la volonté d’offrir à mes filles la possibilité du bonheur dont j’ai bénéficié".

Vous pouvez écouter l'entretien en intégralité: 

LE MONDE D'ELODIE - 07/10 HUGO CLEMENT WEB

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