"Il y a peut-être plus de sentiments, moins de chansons sociétales" : Calogero sort un neuvième album "A.M.O.U.R"
Calogero est l'un des auteurs, compositeurs, interprètes et musiciens les plus aimés et adulés de la scène musicale française. Ses titres sont associés au fil du temps à des souvenirs, à des moments de vie. Cela fait donc plus de 37 ans qu'il nous accompagne. Il a aussi récemment fait ses premiers pas d'acteur dans la série Respire sur M6.
Calogero vient de sortir A.M.O.U.R son neuvième album studio. 11 titres, 11 histoires de vie qui le définissent et qui le touchent. Il prépare aussi son A.M.O.U.R TOUR pour l'année 2024.
franceinfo : Si je reprends vos paroles, cet album est "le plus abouti et le plus personnel". Est-ce qu'il fallait du temps pour vous livrer, pour nous offrir vraiment ce qui vous habitait ?
Calogero : Déjà, à chaque album, je dis c'est le plus personnel ou le plus ceci cela... Il y a peut-être plus de sentiments, il y a moins de chansons sociétales. J'imaginais plutôt dans le passé chanter des chansons d'amour parce que c'est magnifique de chanter des chansons d'amour. Mais finalement, c'est vrai que mes premiers gros succès sont plutôt des chansons qui racontent des trucs pas forcément drôles, comme Si seulement (2004), Le portrait (2014) ou même Face à la mer (2004).
C'est aussi cette enfance qui est reprise dans cet album. Une sorte de constat de ce que vous a apporté cette enfance qui a vraiment contribué à l'homme que vous êtes devenu.
"Quand l'ennui arrive dans l'enfance, on devient créatif et je crois que la musique aide beaucoup aussi."
Calogeroà franceinfo
Très tôt, j'ai eu envie de passer par-dessus les montagnes de Grenoble. Cette ville est encerclée de montagnes et c'est vrai que ces montagnes, je ne les voyais plus dans leur beauté, parce que c'est beau, mais je les voyais comme des murs. Quand j'ai découvert les synthétiseurs, pour moi, c'était comme des soucoupes volantes avec tous les filtres et tous ces boutons, pour passer au-dessus des montagnes, d'aller voir un peu ce qui se passait. Nous, on avait ce rêve-là, le rêve parisien quand on venait de province, c'était chouette aussi.
Dans cet album, A.M.O.U.R, il y a un point entre chaque lettre. Pourquoi avez-vous mis un point d'honneur à mettre des points entre chacune de ces lettres ?
Déjà, il y a la chanson qui a ce refrain comme ça, très scandé. Et puis, bien sûr, l'amour, ça peut durer toute une vie ou quelques années. Mais quel est le bon modèle ? L'important, c'est vraiment de vivre intensément la relation. Le modèle qu'on avait avant, c'était des fantasmes de livres de princesse, où la princesse attendait le prince charmant et puis, très vite, on se rendait compte que le prince charmant descendait de son cheval et se mettait devant un match de foot avec une bière. C'est une société qui nous donne un exemple de l'amour qui n'est pas forcément le bon. C'est ça que dit la chanson.
Vous, vous avez eu un bel exemple à la maison.
Mes parents ont une histoire très romantique. Ils viennent de la Sicile et là-bas, il y avait beaucoup de mariages arrangés à leur époque. Eux, ils se sont choisis. Ils se sont choisis, ils se sont revus en France. J'aime bien leur histoire, elle est très romantique. Mais pour autant, est-ce que j'ai envie de vivre la même histoire ? Je ne crois pas.
"J'aime les histoires d'amour hors-normes, passionnelles ou pas forcément vécues, les amours platoniques, quelque chose qui reste dans le fantasme. Et pourquoi pas ? C'est cet album."
Calogeroà franceinfo
Vous parlez du premier regard dans cet album et on sent à quel point le premier regard peut être très important dans une vie. Il permet de se prouver à soi-même qu'on existe, qu'on a un intérêt aux yeux des autres. Vous vous rappelez de votre premier regard ?
Moi, j'ai l'œil noir et on me l'a souvent dit, parfois reproché. J'ai un regard qui peut être parfois mal interprété.
En tout cas, le regard des autres a été important pour vous.
Le regard des autres est important et culturel, surtout chez les Italiens puisqu'on dit : "Faire belle figure devant les autres". Ma maman est très attachée à ce qu'on va dire, à ce que les autres vont penser etc. Et ça, c'est quelque chose dont je me suis totalement débarrassé. À part, bien sûr, quand je sors un album, parce qu'à chaque fois, j'essaye de me surprendre, de surprendre les autres et il y a cette fébrilité quand je livre l'album d'avoir l'avis du public. Ça, ça me touche.
Dans cet album, on se rend compte à quel point vous êtes proche des autrices. On sent que cette plume-là vous correspond davantage.
C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de femmes qui ont écrit pour moi. C'est bizarre, je ne l'ai pas fait exprès ! Mais c'est parce qu'elles ont du talent, pas parce que ce sont des femmes. Alors, il doit y avoir quand même un truc, c'est que j'ai toujours eu des confidentes dans ma vie, depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours préféré me confier aux femmes.
Votre mère était une de vos confidentes ?
Non. Plus ma sœur et ses copines. J'adorais. Comme j'étais le plus petit, j'étais le chouchou et du coup, j'entendais toutes leurs conversations et ça m'a beaucoup donné l'envie, ensuite, de continuer à me confier aux femmes.
Que représente ce neuvième album pour vous ? Il est différent. Il y a un coauteur d'ailleurs, qui s'appelle Calogero ! Ça lui va bien d'écrire, de se faire confiance.
Peut-être. Je ne sais pas. Peut-être est-ce le dernier. Peut-être que je ferai autre chose après. Peut-être que cet album-là est une page qui se tourne.
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