"J'essaye de faire des belles choses" : Mélanie Thierry part à l'aventure en Antarctique dans "Soudain seuls"
Mélanie Thierry est une actrice habitée, impliquée dans chacun de ses rôles. C'est le thriller Écorchés de Cheyenne Carron en 2005 qui l'a révélée à travers le rôle de Léa. Il y a eu évidemment son rôle de Magali, patiente dans une clinique de désintoxication dans le film Le dernier pour la route de Philippe Godeau, qui lui a valu de recevoir le César du meilleur espoir féminin, et puis son premier rôle dans le film La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010).
Ce mercredi 6 décembre 2023, elle est aux côtés de Gilles Lellouche dans le nouveau film de Thomas Bidegain : Soudain seuls, adapté du roman du même nom d’Isabelle Autissier, paru aux éditions Stock en 2015. L'histoire d'un couple qui décide, après cinq ans de vie commune, de faire le tour du monde en bateau et qui se retrouve seul sur une île hostile après une tempête.
franceinfo : C'est un vrai regard sur ce qui solidifie ou non un couple ?
Mélanie Thierry : Oui, il y avait l'envie à la fois de faire un film qui s'approche du genre des films d'aventures et de survie et à la fois de pouvoir être au plus proche des personnages. Ça permet de comprendre comment une histoire d'amour peut se disloquer ou faire en sorte que, face à des éléments aussi hostiles que de se retrouver en mode survie sur une île de l'Antarctique, on puisse encore trouver la force d'affronter ensemble un présent qui nous balaye.
Ce scénario est calqué sur un livre d'Isabelle Autissier qui, elle, est vraiment une experte dans cette nature, une exploratrice. Qu'est-ce qui vous a donné envie de dire "oui" à ce projet ?
C'était très tentant parce que ce n'était pas banal comme histoire. C'est quand même une sacrée aventure que d'être dans un film de survie. Et puis aussi parce qu'on n'est que deux à l'image, ce qui arrive finalement très rarement. Quand on voit à la fin du film, dérouler le générique et qu'on se rend compte qu'il n'y a que deux acteurs, c'est vrai que c'est assez surprenant.
"Tout passe à travers nos regards, ce qu'on se dit, ce qu'on ne se dit pas et on n'a pas de porte de sortie. Et en ça, c'est assez étonnant. C'est marrant."
Mélanie Thierryà franceinfo
Avec ce couple, il y a aussi l'arrivée d'un enfant, en tout cas l'envie de construire une famille. Quel est votre regard sur la famille, que vous ont transmis vos parents ?
J'ai reçu beaucoup d'amour. Je crois que la clé de tout est de recevoir beaucoup d'amour et de faire en sorte que nos parents nous donnent confiance. J'ai toujours eu beaucoup de tendresse autour de moi. Maintenant, c'est ce qui se passe naturellement dans mon quotidien avec mes enfants. J'essaye d'être toujours une oreille attentive et j'ai l'impression que cela se passe plutôt pas mal.
Quel enfant étiez-vous ?
J'ai toujours été une enfant très timide.
Vous avez eu rapidement envie de faire ce métier. Ça a commencé par le mannequinat.
Ce n'est pas que j'ai eu envie, c'est arrivé par hasard parce que je ne savais pas que j'allais découvrir une passion en démarrant à 14 ans. Je ne savais même pas ce qu'était la Comédie-Française et si on m'emmenait à 12 ans voir une pièce de Racine, franchement, ça m'embêtait profondément. J'ai découvert au fur et à mesure. Et petit à petit, je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de faire marche arrière et que c'était là où il fallait que je sois.
Les autres, vous ont toujours fait confiance ?
Mais heureusement que les autres ont eu un peu confiance en moi parce que sinon ça n'aurait pas été bien loin ! Je dois d'ailleurs beaucoup à ceux qui m'ont fait confiance alors que c'était encore très fragile et très vert tout ça. Quasimodo d’El Paris de Patrick Timsit a été vraiment quelque chose d'important. C'était la première fois qu'on me donnait un vrai rôle pour le cinéma. En 1999, j'étais une toute petite jeune fille. J'étais encore scolarisée à ce moment-là et j'ai été éblouie par tout cet univers qui m'était totalement méconnu.
"Avec mon rôle dans 'Quasimodo d’El Paris', à 16 ans, Patrick Timsit m'a offert un destin et d'une certaine façon, c'était la grande découverte."
Mélanie Thierryà franceinfo
Vous avez toujours travaillé et de plus en plus avec des gens à la personnalité très forte, comme Maïwenn ou encore Éric Toledano pour la série En thérapie. Est-ce que vous avez aussi besoin d'être dirigée par des gens qui savent où ils veulent aller, qui soient force de proposition, et qui aient aussi des choses à dire ?
J'aime travailler avec des metteurs en scène qui ont une vision du cinéma, un point de vue, qui nous emmène. Ma rencontre avec Emmanuel Finkiel aura été hyper importante. J'ai eu le sentiment tout d'un coup qu'il y avait un vrai déclic qui se produisait. Alors le déclic est arrivé plein de fois, mais il vient, et il repart, il est fluctuant. Il y a quelque chose comme ça de va-et-vient. J'essaye de faire des belles choses. En tout cas, à chaque film, c'est vraiment quelque chose d'important, j'ai vraiment foi en chaque projet qui commence et qui se fabrique.
Quel est votre rapport à la solitude ? L'aimez-vous ou pas ?
Finalement, on ne connaît pas si bien que ça la solitude. On n'est jamais seul, on a toujours un téléphone qui traîne, qui va biper, on va toujours avoir un coup de fil. Même lorsqu'on part en retraite quelque part, je ne sais pas si on est réellement confronté à la solitude. Se sentir seul, c'est une chose, mais là, ils (les personnages) y sont confrontés pour de bon et c'est assez redoutable par moments.
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