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"Je ne suis pas un homme de musique, ni un poète : je suis un gars de chansons", avoue Robert Charlebois pour ses 60 ans de carrière

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le musicien, acteur, auteur, compositeur et interprète québécois, Robert Charlebois. Ces 1er et 2 avril 2023, il est sur la scène du Grand Rex à Paris pour son spectacle "Charleboiscope".
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le musicien, acteur, auteur, compositeur et interprète québécois, Robert Charlebois, à Paris, en 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT/RADIO FRANCE)

Robert Charlebois est un artiste québécois et comme tout artiste québécois, il aime toucher à tout et ne pas être conditionné, catalogué et mis dans une case. Il est donc à la fois musicien, acteur, auteur, compositeur et interprète. Pour résumer, il est une institution dans tous les pays francophones, au même titre que Gilles Vigneault et Félix Leclerc, avec qui il a d'ailleurs démarré et collaboré. Même au cinéma, il a travaillé avec Sergio Leone pour le film Un génie, deux associés, une cloche avec Miou-Miou et Terence Hill, une vedette de ce western spaghetti. Ces 1er et 2 avril 2023, Robert Charlebois est sur la scène du Grand Rex à Paris pour son spectacle : Charleboiscope.

franceinfo : Charleboiscope est un spectacle haut en couleurs et entouré d'amis, certains disent même que c'est l'un de vos plus beaux. Vous le pensez aussi, sincèrement ?

Robert Charlebois : Oui, oui, c'est une apothéose ! On a toujours un plus beau quelque chose. On trouve sa vérité une fois, mettons Claude Nougaro avec son album Les Don Juan, Le jazz et la java que des chefs d'œuvre. Et puis dans les spectacles, il y en a un, en tout cas, qui a fait lever le Québec pendant trois ou quatre ans, et j'ai voulu faire le show tel quel, sans concession.

'Charleboiscope', c'est le sorcier, devant un écran de dix 'vusiciens' et de dix 'musiciens'. Tout ce qu'on voit sur l'écran est fait au service de l'émotion, juste pour faire dresser les poils sur les bras au bon moment.

Robert Charlebois

à francinfo

Ce n'est pas un show où il y a de la place pour les blagues ! Et c'est aussi un cadeau que les gens me font d'être encore là après 60 ans, mettons 50 ans pour la France.

Ce spectacle est d'abord une belle façon de mettre en lumière et en images, ce qui vous a construit en tant qu'artiste, parce que vous êtes d'abord un homme de scène. Revenons donc au début. Au départ, il y a une famille bourgeoise, vous filiez droit. Vous allez rapidement avoir envie de faire de la musique. Ça commence par le piano.

Oui, piano. Chopin pour les enfants, tout ça. J'ai appris avec des religieuses que je trouvais très jolies. Et quand je suis sorti du pensionnat, je suis tombé dans la révolution américaine, le rock' n 'roll. C'est là que j'ai eu l'idée de m'acheter une guitare. Au début, on s'achetait des amplis pour jouer comme des cowboys en plus fort. Avec les années 70, sont arrivées les pédales Fuzz, les saturateurs et puis là, peut-être grâce à mon amitié, puis à mon travail avec Frank Zappa, j'ai beaucoup progressé sur la guitare électrique.

Et puis Félix Leclerc.

Il est mon maître à penser parce que la première chanson de ma vie, je crois que j'avais les oreillons, j'avais neuf ans, et quelqu'un est arrivé avec ce disque où il chantait Le petit bonheur, puis ça finissait en sifflant et je me demandais ce que c'était que ce cowboy qui sifflait comme ça. Et Félix est vraiment peut-être l'instigateur de ma carrière.

Je voudrais qu'on parle de l'année 1967 et de votre coiffure piquée de fleurs. Ça, c'est votre côté excentrique aussi, différent des autres. Vous avez toujours été vous-même.

Peut-être que si je n'avais jamais eu une boule à la Hendrix, je n'aurais pas fait carrière. Moi, j'ai toujours dit que j'étais un chanteur à cheveux et le jour où je perds mes cheveux, j'arrête de chanter.

Je voudrais qu'on parle de Lindbergh chantée avec Louise Forestier. Elle représente quoi pour vous dans ce parcours ?

'Lindbergh' est une chanson déstructurée, complètement révolutionnaire parce qu'il n'y a pas deux vers qui ont le même nombre de pieds.

Robert Charlebois

à franceinfo

À l'époque, j'avais montré le texte à mon ami Gilles Vigneault et il m'a dit : "Tu es fou, c'est impossible de mettre cela en musique" et moi, il ne faut pas me dire ça. Dès qu'on me dit : "Ne va pas là, ne fais pas ça" j'y vais ! Et donc ça a commencé par défi et j'ai commencé à aimer ça. Il y a une espèce de folie là-dedans : "Une kriss de chute en parachute" et prendre le nom de Dieu, j'ai été excommunié pour une phrase comme ça à l'époque.

Je voudrais qu'on parle de la chanson Ordinaire. Elle est autobiographique et j'ai l'impression qu'elle est un peu le résumé de toute cette vie.

On résume tout le monde avec trois chansons. Si vous pensez à Frank Sinatra, c'est My Way, New York, New York et Fly me to the moon. Si vous pensez à moi, mon My way c'est Ordinaire, mon New York, New York, c'est Je reviendrai à Montréal et Fly Me to the Moon, c'est Lindbergh.

Que représente cette carrière ? 

C'est un miracle. Disons que j'ai le plus beau métier du monde et je l'affirme et je l'avoue, je remercie la synchronicité de me l'avoir donné, pour ne pas dire le ciel ! C'est plus fort que le cinéma, c'est plus fort que tout pour moi, la musique. C'est une maîtresse très exigeante. Je ne suis pas un homme de musique ni un poète, mais je suis un gars de chansons comme on pourrait dire d'un Mbappé que ce n'est pas un sportif, mais que c'est un gars de football, excusez la comparaison !

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