Jean-Pierre Darroussin "pas mécontent de ne pas être passé à côté" de sa carrière
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’acteur Jean-Pierre Darroussin pour son film, en partenariat avec franceinfo, "Les Eblouis" de Sarah Suco.
Dans le film Les Eblouis, Jean-Pierre Darroussin campe le personnage d’un gourou. Sarah Suco, la réalisatrice, aborde le thème de la secte, des communautés sectaires et de l’endoctrinement. On suit une jeune fille, Camille, qui intègre une communauté ultra-catholique et repliée sur elle-même. La jeune adolescente observe et subit un mode de vie imposé par le mouvement et se révolte.
L’embrigadement c'est aussi une histoire de famille : aujourd’hui on compte 50 000 à 60 000 enfants concernés par an. Un sujet qui ne peut pas laisser indifférent, une problématique qui ne trouve pas de réponse rationnelle, peut-être un besoin de changement de vie radical comme l’explique Jean-Pierre Darroussin.
On se demande toujours comment on fait pour être embrigadé, pour être emmené, emporté. Comment on en arrive à se couper de son identité, de sa personnalité. C’est toujours cette croyance qu’on peut devenir un homme nouveau
Jean-Pierre Darroussinà franceinfo
Famille de sang, famille de cœur
Jean-Pierre Darroussin a une petite famille, modeste et il en a créé une autre au fil du temps, celle du cœur : "J’ai une famille qui est composée d’amis de très longue date, je me suis fait des frères et sœurs, des neveux, des nièces, des cousins qui ne le sont pas par le sang mais qui le sont par l’amitié, par la proximité d’affinités de pensée".
Catherine Frot en fait partie et c’est avec elle qu’il débute notamment dans la troupe La Compagnie du Chapeau rouge. Lorsque la troupe éclate en 1986, il fait un virage à 180° et part vivre à la campagne pendant un an et demi, il travaille comme instituteur. : "J’avais toujours conçu ce métier comme faire partie d’une troupe, c’était tout à fait essentiel à la pratique du métier car j’envisage toujours les choses à travers d’un collectif. Ce sont des gens qui se mettent ensemble pour fabriquer, pour avoir un projet commun, apporter sa pierre à un édifice".
Quand tu fais du théâtre, on a l'impression que tu es chez toi.
Son pèreà Jean-Pierre Darroussin
Jean-Pierre Darroussin raconte que son père, "simplement artisan" lui a transmis l’idée d’essayer de penser par lui-même, d’être curieux, de réfléchir, de chercher, de sentir, de regarder les autres et d’essayer de bien faire son travail. Un exemple de bienveillance qui le guidera vers le théâtre. Enfant, il n’a pas conscience que c'est un métier : "C’était un amusement, un jeu. Mais un jeu sérieux" . Et il confie que c'est son père, un jour dans son atelier, qui lui conseille d'en faire : "Il m'a dit 'Tu devrais essayer ça, le théâtre, quand tu fais ça on a l’impression que tu es chez toi'. Et je dois reconnaître maintenant que je suis un peu dans mes chaussons quand je suis sur une scène". Pour cet homme discret, qui n'aime pas prendre la parole en public, le théâtre est l’espace où finalement les gens paient pour venir l’écouter : "C’est formidable !".
Avoir une passion n'est pas une chance, selon Jean-Pierre Darroussin qui cite René Char :"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront". La passion, reprend-il, n’est pas une chance mais une prise de risque, à un moment donné.
On a tous un rêve au fond de soi. Il suffit d’avoir un moment d’inconscience, de fragilité où on se dit : 'Je ne peux pas faire autrement', donc on va vers le risque. Et on découvre la passion.
Jean-Pierre Darroussinà franceinfo
Jean-Pierre Darroussin se dit heureux de son parcours : "Je ne suis pas mécontent de ne pas être passé à côté de ça".
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