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"Être vulnérable, ce n'est pas grave" : la chanteuse Kimberose se libère en solo

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, la chanteuse Kimberose.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La chanteuse Kimberose lors d'un concert au Festival de Jazz de Nice en juillet 2019 (VALERY HACHE / AFP)

C’est en 2015 qu’est créé le groupe pop et soul Kimberose. Après des titres remarquables comme About us (2016) ou encore I'm sorry (2017) et un premier album Chapter one en 2018, la chanteuse Kimberly Rose Kitson Mills s’émancipe. L’ancienne candidate de la Nouvelle Star sur M6 en 2013 fait désormais cavalier seul en conservant le nom du groupe et nous offre un premier album solo, Out, réalisé avec Régis Ceccarelli. Un vrai moment de grâce pour le moral.

Elodie Suigo : Depuis quelques jours, votre nouvel album Out est disponible. C'est vraiment un album de réconciliation avec vous-même ?

Kimberose : Complètement, c’est un album de libération, d'émancipation. C'est un album qui me donne beaucoup de force. Vraiment, c'est une vraie libération.

Dans ces 14 titres, vous racontez la trentenaire que vous êtes. J'ai l'impression que l'album met aussi en avant un peu cette sensibilité qui vous appartient.

Bien sûr, mais je pense qu'en écrivant des chansons, on ne peut pas passer à côté de cette sensibilité. Je suis obligée de la raconter et même si je ne le voulais pas, je pense qu'elle existerait quand même dans les textes.  

Ça fait du bien aussi de se montrer vulnérable. Moi, je trouve que c'est une force

Kimberose

à franceinfo

Au début, vous aviez du mal à le montrer.

Beaucoup. Je pense que ça vient de mon éducation aussi. J'ai grandi avec une maman très dure, très forte, qui ne montrait pas ses failles donc avec ce modèle-là, j'imagine que j'essayais de lui ressembler d'une certaine manière. Mais je pense avoir appris la leçon et la leçon, pour moi, maintenant, c'est d'accepter ces failles. C'est ce qui m'a rendu plus forte finalement.

Vous maîtrisez parfaitement l'anglais. Votre père était anglais, votre mère ghanéenne. Votre père vous a quitté il y a un peu plus de dix ans maintenant et vous lui avez offert une chanson-hommage We never said Goodbye, on sent vraiment que vous êtes à fleur de peau.

Je me suis toujours promis de lui écrire une chanson sur chacun de mes albums. We never said goodbye (On ne s’est jamais dit au revoir), c'est une réalité et j'avais aussi besoin peut-être de le raconter parce que c'est dur de ne pas dire au revoir.

Qu'est-ce qu'il vous a transmis ?

Beaucoup d'amour, peut-être l'amour de la musique aussi d'une certaine manière puisqu'il écoutait beaucoup de musique. Et puis, je pense qu'il m'a transmis de toujours continuer, ne jamais s'arrêter, toujours se relever et continuer, rester positif et y croire.

Cet album s'est construit sur une séparation, c'est le point de départ. Ça rend plus fort de mettre des mots sur les maux ?

Oui je crois. Déjà, ça permet de les identifier, peut-être de les extérioriser aussi. Cela les guérit. Pour moi, la musique c'est vraiment un médicament, c'est vraiment thérapeutique.

La musique est innée chez vous. Vous n'avez pris aucun cours de musique, aucun cours de solfège. D'où vient cette voix ?

Je ne sais pas. Toute petite, j'ai vraiment des souvenirs de chanter des heures dans ma chambre, de danser aussi beaucoup. La musique me permettait de rêver, de m'extirper d'un quotidien qui, parfois, était un peu morose, un peu ennuyeux aussi parce qu'on vivait en banlieue parisienne et puis, ce n'était pas toujours facile au quotidien. Ma mère n'avait pas beaucoup de moyens, elle galérait, les relations entre mon père et ma mère étaient très compliquées. Je ne dirais pas que j'ai eu une mauvaise enfance, loin de là, mais la musique me sortait de ça.

La musique c'est vraiment un médicament, c'est vraiment thérapeutique.

Kimberose

à franceinfo

Cet album est vraiment extraordinaire, entre Billie Holiday, Shirley Bassey, Nina Simone. Il n'y a aucune fioriture. Il y a un titre qui ne peut pas laisser indifférent. C'est Sober (Sobre). Vous racontez une relation avec une bouteille finalement.

Cette chanson a été écrite par une Américaine, Joy Oladokun, et, à la première écoute, elle m'a presque fait peur tellement j'avais l'impression que ça parlait de moi à un moment de ma vie. Je pense que je n'aurais peut-être pas su écrire moi-même cette relation avec l'alcool et que chanter cette chanson de cette merveilleuse artiste m'a permis aussi d'extérioriser des choses. L'alcool est parfois un refuge. Parfois, les difficultés de la vie font que j'ai pu me réfugier dans cette relation-là avec l'alcool.

La plus belle chanson pour moi c'est Weak and ok.

C'est une chanson que j'ai adoré écrire. Il y a quelques années, j'ai eu une période où psychologiquement ça n'allait vraiment pas, j'ai fait une dépression. Écrire cette chanson, assumer encore une fois cette vulnérabilité, je pense que c'est important de porter haut et fort ce message qu'être vulnérable, ce n'est pas grave.

Heureuse d'être devenue cette artiste solo ?

Oui, je crois. Être solo fait peur mais en même temps, c'est tellement gratifiant de se dire qu'on fait les choix, qu'on les assume, qu'on va où on veut aller, avec qui on veut aller. Je suis très superstitieuse et je crois beaucoup au destin. Et pour moi, c'était écrit, c'était comme ça.

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