Les Frangines reviennent avec un nouvel album, "Poèmes" : "Ces textes portent une musicalité en eux"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 20 juin 2024 : les chanteuses et guitaristes, Anne et Jacinthe, du duo Les Frangines. Elles sortent un nouvel album, "Poèmes", et elles seront en tournée dans toute la France.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
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Le duo Les Frangines. (RADIOFRANCE)

Les Frangines, ce sont Anne et Jacinthe, un duo d'amies qui se sont rencontrées sur le chemin de l'école, dans un train. Elles avaient 11 ans. Une relation s'est nouée, qui leur a donné très vite envie de faire des créations. C'est par le biais de la musique qu'elles vont trouver le moyen de s'amuser. L'une a appris la flûte, l'autre la guitare, grâce à des tutoriels sur internet. L'écriture à quatre mains a été au centre de ce qui va renforcer leur amitié.

Aujourd'hui, Les Frangines sortent un nouvel album, Poèmes, soit 13 poèmes qu'elles ont choisi de revisiter en chanson. Elles seront en tournée dans toute la France, avec un passage au Trianon à Paris le 1er novembre prochain.

franceinfo : Après Notes, vous sortez Poèmes. On a le sentiment qu'après Victor Hugo, c'était une suite logique. Est-ce comme ça que vous avez vécu la création de cet album ?

Jacinthe : Exactement. Je crois que c'est vraiment ça.

Anne : Oui. Je pense qu'on avait cette idée en tête depuis quelques années. On savait qu'on allait le faire, mais on n'avait pas encore trouvé le moment. Là, il se trouve que le moment était parfait pour sortir cet album.

"Cet album est une façon de rendre hommage à ces auteurs qui nous ont forgées, qui nous ont donné envie d'écrire nos propres textes."

Jacinthe du groupe Les Frangines

à franceinfo

Cet album est particulier parce qu'il s'adresse à toute la famille, aux enfants et aux adultes, parents et grands-parents. Notamment aux enseignants, car on s'est aperçu que lorsqu'on apprend en chantant, pour les enfants, c'est beaucoup plus simple. Est-ce que cet album a aussi cette vocation ?

Jacinthe : C'est drôle parce que l'on vient de rencontrer Chantal Thomas, qui est une écrivaine et qui nous disait qu'elle avait découvert Apollinaire par Léo Ferré. C'est hyperintéressant puisque notre but, c'est de rendre accessible la poésie. Mais on connaît plein de poésies parce qu'on les chante.

Anne : On en connaît par cœur, ce qui ne serait pas du tout le cas si on ne chantait pas.

Le point de départ, c'était Victor Hugo. Pourquoi lui ?

Anne : Quand on a commencé la musique, mettre en chanson un poème nous est paru assez naturel, parce qu'on voulait écrire et composer. Parfois, tu n'as pas toujours l'inspiration des mots et les poèmes portent une musicalité en eux. C'était plus facile pour nous, au début, de composer sur des textes déjà écrits, magnifiquement écrits. Et Demain dès l'aube..., je crois que c'est parce que c'était celui auquel on a pensé tout de suite, l'ayant appris à l'école, et qu'on le retient. C'est fou ! Victor Hugo est vraiment fort parce qu'il utilise des mots très simples. Ce n'est pas du tout compliqué et pourtant c'est sublime. La force de cet auteur, c'est que franchement, le texte est très simple mais agencé de telle manière que c'est juste magnifique.

La liberté aussi est au cœur de cet album avec Paul Éluard.

Jacinthe : Ce qui est très intéressant dans ce poème, c'est qu'il parle du pouvoir des mots. Comment, par les mots et par la langue, on peut accéder à une liberté.

La liberté existe-t-elle alors ? C'est la vraie question.

Jacinthe : J'espère. Il faut la poursuivre. En tout cas, il faut la rechercher. Il le dit. Nous, on en a fait le refrain, "Et par le pouvoir des mots, je recommence ma vie".

Anne : "Je suis né pour te connaître et pour te chercher". J'espère que jusqu'au bout, on gardera cet étonnement permanent et cette remise en question perpétuelle, de toujours aller chercher la vérité, aller chercher notre liberté, cultiver cette curiosité qui est essentielle à la réflexion. Je crois qu'il y a une phrase de Platon ou de Socrate qui disait que la base de la philosophie, c'est l'étonnement et donc il faut toujours s'étonner.

"Je crois que toute notre vie, il faut toujours chercher, être toujours curieux, étonné et ne jamais se dire qu'on a atteint la vérité, que c'est bon, qu'on connaît tout."

Anne du groupe Les Frangines

à franceinfo

Quel regard avez-vous sur le temps qui a passé ? Vous vous êtes rencontrées à 11 ans et aujourd'hui, vous êtes devenues maman, que gardez-vous de toutes ces années déjà écoulées ?

Anne : Je crois que comme les poètes, on est un peu nostalgiques du temps qui passe. Ça passe très vite.

Jacinthe : Je ne sais pas si on garde ou si on continue d'essayer d'être dans cette même disposition. Ça rejoint l'idée, en tout cas pour moi, pour notre duo, de toujours rechercher comment avancer mieux ensemble et comment peut-être progresser. Ce qui m'anime, c'est la progression.

Anne : Oui et je retiendrais peut-être un truc que j'aime bien dans notre amitié, c'est qu'on aime bien rigoler, on aime bien transmettre un peu de joie et j'espère vraiment de tout cœur qu'on gardera ça.

Cet album n'est-il pas celui qui vous correspond le plus, avec des textes qui ne sont pas de vous, finalement ?

Jacinthe : Ah c'est marrant !

Anne : Oui et non, parce qu'on aime bien écrire. Cela nous tient vraiment à cœur de faire nos propres chansons, mais c'est vrai qu'on y est arrivé par la poésie et je pense qu'on est touchées par cette idée de transmission. C'est important de respecter un peu nos ancêtres.

Jacinthe : On revient aux origines de ce qu'on faisait, c'est sûr, on se reconnecte clairement. Il y a notre goût des lettres, de la langue française et notre amour des mots, c'est sûr. Et c'est vrai que dans les valeurs qui sont transmises dans les poèmes, cet album nous correspond vraiment et ça nous donne l'occasion de parler de plein de choses et de transmettre plein de choses.

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