Sarah Daninthe, ambassadrice des JO de Paris 2024 : "Je suis suffisamment forte dans la société pour ne plus être une personne invisible"
À cinq ans, Sarah Daninthe a choisi l'épée comme meilleure amie, comme vecteur d'émotion, de plaisir et de passion. Quelques années plus tard, à 11 ans, elle participe à ses premiers championnats de France avant de devenir deux fois championne du monde avec l'équipe de France d'épée féminine en 2005 et 2008. À Athènes en 2004, elle a vécu un rêve éveillé avec une médaille de bronze par équipe aux Jeux olympiques. Aujourd'hui, elle est ambassadrice inspirante des Jeux olympiques de Paris 2024 qui démarrent le 26 juillet.
franceinfo : Ambassadrice, c'est transmettre les valeurs du sport ?
Sarah Daninthe : Oui, la transmission de ses valeurs. En plus, on est dans une société où, en ce moment, socialement, ce n'est pas forcément évident, que ce soit, en France, en Europe ou dans d'autres pays. Le sport, c'est aussi rassembler un peu tout le monde.
"C'est important pour nous, en tant qu'athlètes, de transmettre, de partager et de valider toutes les valeurs du sport."
Sarah Danintheà franceinfo
Vous avez participé aux championnats du monde, aux championnats d'Europe, aux Jeux olympiques. Cette médaille de bronze à Athènes a une saveur particulière ?
Oui, c'est la plus belle ! D'autant plus que c'est à 16 ans que j'ai décidé que je serai médaillée olympique. Il est vrai que l'escrime est un sport élitiste et que je viens d'un milieu modeste et qu'à 16 ans, généralement, on ne vous prend pas trop au sérieux. J'ai vraiment eu ce déclencheur à cet âge, malgré tous les freins et obstacles que j'ai dû affronter, qu'ils soient liés au racisme, à la LGBT-phobie, au sexisme et autres. Huit ans après, je suis sur un podium olympique et en plus avec Laura Flessel qui a été celle qui a déclenché cette envie de réaliser ce rêve ! Pour moi, il n'y a rien de plus beau parce que c'est vraiment l'accomplissement du travail, de la conviction, de l'engagement.
Vous venez de la Guadeloupe. À un moment donné, il a fallu quitter votre île, est-ce que ça a été dur ?
Pour moi, ça a été un vrai déchirement.
"Il m'est arrivé plusieurs fois de rester seule le week-end dans un internat à Bordeaux. J'ai aussi passé mon premier Noël toute seule avec juste deux personnes qui venaient de temps en temps me nourrir !"
Sarah Danintheà franceinfo
Ma famille s'est sacrifiée pour le succès de mon projet. Alors, même dans les moments où ça n’allait pas, où je doutais, je me raccrochais à ce rêve et au fait que ma mère, financièrement et physiquement, se sacrifiait pour que je sois là.
Très tôt, à 11 ans, vous avez fait les championnats de France, est-ce que vous avez toujours eu un mental ?
Non. Quand j'ai commencé l'escrime, les premières années, j'étais souvent avant-dernière ou dernière. J'étais assez réservée quand j'étais plus jeune. Dans ce sport, mais comme dans beaucoup d'autres, le fait qu'il y ait ce côté combat et qu'on se batte aussi avec les garçons, je pense que ça nous apprend aussi à nous faire confiance. Moi, je sais que le sport m'a vraiment appris çà et là, aujourd'hui, je me sens bien et forte. Suffisamment forte aussi dans la société pour prendre ma place et m'exprimer, ne plus être une personne invisible. Quand je parle d'invisibilité, c'est parce que je suis une femme, je suis noire, je suis homosexuelle, etc.
Y a-t-il justement une évolution du regard dans le monde du sport sur l'homosexualité ?
Oui, il y a des choses qui changent. Je ne sais pas combien il y a de sportifs et de sportives homosexuels en France, mais il y en a très peu de visibles et pourtant on est quand même nombreux à se connaître. Alors, certains font le choix de se cacher parce que derrière, il peut y avoir une mise à l'écart du groupe et des comportements désagréables. Moi, j'ai été "outée" contre mon gré par le père de ma première copine, ça a été hyperviolent. Quand mes coéquipières l'ont su, leur comportement a totalement changé. Cette violence non dite, c'est la pire de toutes parce que ça signifie qu'il y a déjà une espèce de confiance qui se casse. Il faut que nous, en tant qu'homosexuels, on rame pour revenir dans le groupe alors qu'on n'est pas censé vivre ça. Maintenant, ce serait quand même bien que plus d'athlètes en activité et à la retraite prennent position, qu'ils soient homosexuels ou pas, noirs ou pas, enfin, on s'en fiche en fait ! Il faut qu'on puisse accepter tout le monde, quelle que soit son orientation sexuelle, religieuse, sa peau, etc.
Qu'attendez-vous de ces Jeux de Paris ?
Alors moi, je suis une vraie barge des Jeux olympiques, de sport. C'est vrai que j'aimerais qu'il y ait un maximum de médailles pour les copains et les copines, aux Jeux olympiques et aux paralympiques. J'attends aussi qu'il y ait une vraie communion avec le peuple français parce que les Jeux, c'est quand même une fête, il ne faut pas l'oublier. J'espère qu'au niveau sécurité tout se passera bien et que les étrangers se sentiront bien quand ils viendront voir les compétitions. Que médiatiquement tout soit parfait et qu'on ait la même part de représentativité des sportives que des sportifs. A priori, ce sont les premiers jeux paritaires, donc let's go !
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