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Un double vinyle collector pour les 45 ans de "Magnolias for ever" : Claude François Jr "préfère fêter les anniversaires de chansons, puisque c'est avec elles qu'on vit aujourd'hui"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le producteur et fils aîné de Claude François, Claude François Jr. Vendredi 24 février sort un double vinyle blanc collector, "French Disco Icon" pour marquer les 45 ans du disque "Magnolias for ever".
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Claude François Jr à Paris le 5 mai 2014 (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Claude François Jr. est producteur et le fils aîné du chanteur, danseur, musicien et producteur Claude François, disparu depuis presque 45 ans. Il était âgé de 10 ans lors de sa disparition et depuis, il gère ses affaires.

Vendredi 24 février 2023 sort un double vinyle blanc collector tiré à 2 000 exemplaires, French Disco Icon pour marquer les 45 ans du disque Magnolias for ever. Le 11 mars prochain marquera les 45 ans de la disparition de Claude François.

franceinfo : 45 ans déjà et son statut d'idole n'a jamais faibli. Est-ce qu'il y a toujours autant d'engouement autour de l'artiste qu'il était ?

Claude François Jr. : Oui et plus le temps passe et plus c'est impressionnant. Il est depuis six semaines, classé dans le club 40 qui est le classement officiel des clubs en France avec Magnolias, avec plein de noms que je ne connais pas, à part Gims et David Guetta, ce qui me fait assez rire. Ce qui est fascinant, c'est que ça lui permet d'avoir une actualité là où il n'en a pas toujours et une écoute nouvelle auprès d'une nouvelle cible que sont les jeunes.

45 ans déjà... Comment avez-vous vécu ces 45 années sans lui ?

C'est un manque progressif, l'absence du père, surtout à l'adolescence, puis après dans la vie d'homme, j'ai fait des enfants très jeunes. Je ne sais pas si je me serais engagé avec leur maman si mon père avait été là.

"Mon parcours d'homme a été celui d'un fils 'seul', sans le regard expérimenté du père qui, avec le recul, m'a manqué."

Claude François Jr

à franceinfo

Que gardez-vous de lui ?

Un père aimant. Ça, pour le coup, je n'ai jamais eu le moindre doute. Aujourd'hui, je peux dire qu'à part une oreille musicale et le goût du jardinage, je ne tiens pas grand-chose de lui. C'est plus mon frère, en réalité, qui lui ressemble dans le caractère.

Vous vous lui ressemblez physiquement de façon assez incroyable. Comment le vivez-vous ?

Ce qui devient compliqué aujourd'hui, c'est que je lui ressemble en le vieillissant de fait, c'est-à-dire que je deviens l'enfant plus vieux qu'il ne l'était puisqu'on est 'forever young' quand malheureusement on part à 39 ans. Et du coup, je sais que c'est un danger, mais on en avait même parlé il y a déjà une vingtaine d'années en se disant : "Un jour, il faudra arrêter". Même ses collaborateurs, les Claudettes avaient dit : "Mais à un moment donné, il faudra arrêter de faire des télés. On va tous devenir beaucoup plus vieux que lui et ça va le vieillir".

Je me suis demandée pourquoi vous n'aviez pas fait de musique, pourquoi vous n'aviez pas chanté. 

J'ai passé quelques années quand j'étais adolescent à vraiment faire de la musique. C'est une période qui a duré cinq, sept ans. J'essayais de poser la voix sur mes chansons, sauf que ce n'était pas ça. Donc je n'avais pas la voix et puis, je n'avais pas l'envie dans le bide d'aller sur scène, d'aller défendre cette musique et à un moment donné, pour faire ce métier, il faut ça. Mes enfants, avec les nouvelles technologies, veulent faire des compositions sur ordinateur avec Logic Pro et donc du coup, ils vont peut-être mettre des doigts pour la première fois sur un clavier. Ça m'enchante parce que la création, c'est la chose la plus magique avec l'amour qu'on puisse donner et recevoir sur terre.

Vous êtes le gardien du temple. J'imagine que ce n'est pas simple tous les jours de faire les bons choix. Là, vous avez fait celui de célébrer les 45 ans de Magnolias avec cette sortie double vinyle. D'un côté, il y a des remixes et de l'autre, il y a l'œuvre de votre père avec les titres originaux. C'est important pour vous d'apporter quelque chose de très actuelle et de montrer, finalement, à quel point sa musique le reste ?

En fait, c'est au-delà de sa musique ! C'est de toucher sans cesse de nouvelles générations, c'est ça qui fait vivre un artiste. Pourquoi on célèbre les anniversaires des chansons ? c'est parce que finalement, ce sont ses chansons qui le portent, 45 ans après. Et c'est quand même plus sympa que de fêter le 45ᵉ anniversaire de sa mort. Je préfère fêter les anniversaires de chansons, puisque c'est avec elles qu'on vit aujourd'hui.

Quand votre père est décédé, on était le 11 mars 1978 et il était prévu qu' Alexandrie Alexandra sorte le 15. Elle résonne particulièrement cette chanson pour vous ?

Oui, parce qu'effectivement, elle parle de son enfance sur une belle formule d'un biographe officiel célèbre. Le 15 mars, une première carrière s'achève, une autre commence. Alexandrie Alexandra va le faire rentrer dans cette nouvelle carrière dans laquelle il va s'inscrire grâce aux clubs. En réalité ce qui distingue le phénomène de mon père aujourd'hui, c'est la spécificité de son répertoire qui est dansant. Le 14 juillet, sur la place du village ou en fêtes de famille, c'est le même engouement à chaque fois. Tout le monde adore parce qu'en plus, à force, ça cimente des souvenirs. C'est une madeleine de Proust.

Est-ce que vous avez réussi à trouver votre place ? Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes heureux ?

"Dans la filiation du 'fils de', j'ai progressivement cessé d'être le fils de mon père en devenant le père de mes enfants. Ça, c'est le sens de la vie."

Claude François Jr.

à franceinfo

Non. En fait, ce qui me manque le plus avec le temps, c'est la musique. Et je dis à mes enfants : à l'adolescence, si vous voyez poindre en vous une passion, quelque chose qui vous anime vraiment, sur laquelle vous ne compterez pas votre temps, ne laissez pas la vie vous l'enlever parce que vous le regrettez, à un moment donné. Je suis encore passé à côté de la musique, mais je n'ai pas dit son dernier mot et puis, je peux le faire tout seul dans ma cave, ça me permettra de m'épanouir quand même.

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