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Yann Queffélec avec la navigatrice Florence Arthaud : "On était en affinité"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’écrivain et marin Yann Queffélec pour son livre-hommage à la petite fiancée de l’Atlantique, Florence Arthaud : "La mer et au-delà" chez Calmann-Lévy.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'écrivain Yann Queffélec, le 19 janvier 2019. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Yann Queffélec est un amoureux de la mer et de la Bretagne. Il publie La mer et au-delà (Calmann-Lévy), une déclaration d’amitié à une femme extraordinaire qui s’appelait Florence Arthaud, comme un besoin de mettre des mots sur les maux. Le Prix Goncourt 1985 pour Les noces barbares et la navigatrice étaient très proches. L'écrivain parle d’elle avec émotion : "Elle m’inspirait des sentiments affectueux donc il n’y avait aucune relation ambigüe entre Florence et moi mais quand elle a disparu, je me suis dit : ‘Je ne lui voulais que du bien, elle a fait des choses extraordinaires, je l’admirais. Il faut absolument que je dise combien cette femme était importante à mes yeux pour moi et pour les autres'".

Ce nouveau livre est aussi dédié aux 9 autres victimes de l’accident aérien dans lequel Florence Arthaud a perdu la vie, le 9 mars 2015 sur le tournage de l’émission de téléréalité Dropped en Argentine. Elle participait à cette aventure pour retrouver un peu de lumière et pour financer un projet. Yann Queffélec confie au micro d’Élodie Suigo : "Florence avait envie de revenir au centre de la lumière (…) Engranger un peu d’argent pour monter cette course de femmes à travers la Méditerranée. Elle voulait montrer également qu’elle était encore capable de dépassement sur un plan physique, elle s’était entraînée pour être la meilleure dans ce jeu".

Moi, j’ai toujours compris qu’elle veuille picoler, qu’elle veuille se débarrasser du spectacle du monde autour d’elle

Yann Queffélec

à franceinfo

Un lien fraternel

Yann Queffélec nous plonge dans l’intimité de cette femme d’exception. Il a partagé avec Florence Athaud des moments extrêmement forts, jusqu’à la considérer comme sa sœur : "On était en affinité", résume-t-il. Tous les deux ont beaucoup de points communs et l’écrivain énonce avec poésie ce qui les liait et reliait sans omettre son talent d’écrivaine : "L’amour de la mer, l’amour de l’excès, l’amour de la nuit blanche, de l’instant. Elle aimait la vie tout de suite. Moi, j’ai toujours aussi été comme ça".

Elle avait ce talent d’écriture, elle était fille d’éditeur, elle avait la passion des mots, de la mer, au bout duquel, elle souhaitait aller plus tard sur ses vieux jours, or ses vieux jours ne sont jamais arrivés

Yann Queffélec

à franceinfo

L'écrivain ne cache pas son admiration pour ce qu’elle a accompli durant sa courte vie, parce que finalement lui n’aurait jamais été capable des mêmes exploits marins : "Aucun homme d’ailleurs à cet époque". Yann Queffélec revient sur la victoire parfaitement inattendue de Florence Arthaud sur la Route du Rhum en 1990 alors que le sort semblait s’acharner sur la courageuse navigatrice  :  "C’était mission impossible cette course. Elle avait subi une fausse couche quelques semaines avant le départ, elle en était mal remise, elle avait un énorme problème de cervicales, séquelles de son accident de voiture à l’âge de 17 ans qui aurait pu la laisser pour morte d’ailleurs. Elle est partie, elle a retiré sa minerve".

Elle a traversé les circonstances météorologiques absolument abominables et à un moment où elle avait abandonné finalement, où elle disait : ‘j’arrête parce que la course [Route du Rhum] est trop dure, parce que j’ai forcément perdue’ et elle apprend qu’elle est la gagnante

Yann Queffélec

à franceinfo

Mais le lieu qui les réunit finalement, plus que tout, c’est la grande bleue : "La liberté qu’offre la mer, la liberté qu’offre la vie, la liberté qu’offre l’amour de la vie". Yann Queffélec conclut : "C’est quelqu’un qui a dit  :  ‘Non, à cette facilité de l’existence' (…) parce qu’elle voulait sa liberté, qu’elle voulait aller au bout de sa liberté et qu’elle voulait y aller par la mer".  

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