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En Chine, la disgrâce de Lu Wei, le censeur en chef d'internet

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu : jeudi, Lu Wei, ex-responsable de la régulation d'internet en Chine, poursuivi pour corruption et abus de pouvoir.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Lu Wei (à gauche) lors d'une rencontre entre le président chinois Xi Jinping (de dos) et Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, le 23 septembre 2015 à Washington. (TED S. WARREN / POOL / REUTERS)

Il était l’homme qui faisait la pluie et le beau temps sur l’internet chinois. Lu Wei, le censeur en chef, a été mis en examen mardi 21 novembre. Et la commission centrale de discipline du parti a déclaré mardi, que Lu Wei avait été placé en détention pour de graves violations à la discipline, un euphémisme pour désigner à la fois des abus de pouvoirs, des pots de vins et autres magouilles.

L'ex-responsable de la régulation d'internet en Chine est aussi l’un des plus hauts placés parmi les officiels du Parti à faire les frais d’une vague de purges décidées par Xi Jinping, lors de son second mandat.

Et Lu Wei va tomber de haut, parce qu’il était un peu le roi de l’internet en Chine. Un type flamboyant qui négociait en tête à tête avec Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, ou ceux d’Apple, dans le but de recueillir les données de leurs utilisateurs en échange d’une éventuel accès au marché chinois. Lui qui se rendait dans les forums internationaux, et qui profitait de son temps libre pour trainer en sweat griffé à la salle de sports, ou qui fumait de gros cigares avec des camarades cubains.

Des interdits et des menaces en tout genre

Mais il était surtout l’homme qui avait durement reprimé l’usage d’internet en Chine, listant les interdictions diverses et variées : interdiction de parler de sexe, qui va jusqu’à l’impossibilité d’utiliser le mot "derrière" ou "devant". Ivre de pouvoir, Lu Wei va plus loin encore, jusqu’à menacer les pontes de l’internet chinois au cours de cocktails ou de diners privés, par exemple, ou les dénonçant publiquement à la télévision d’Etat pour leur passer un savon, allant jusqu’à fermer les comptes des récalcitrants.

Interrogé en 2014 sur l’interdiction de Facebook en Chine, Lu Wei avait répondu avec aplomb : "Je n’étais pas au courant d’une telle interdiction, je n’utilise jamais Facebook". Un peu autoritaire, il avait chargé le comité olympique chinois de lui écrire une chanson pour célébrer son travail, chantée par tous ses employés pour le nouvel an.

Toute la question maintenant est de savoir si cette disgrâce du censeur en chef va lâcher la bride aux internautes chinois. Pas vraiment. On apprenait hier, que l’application Skype, tout comme whatsapp est désormais interdite.

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