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À Cuba, la peur après la révolte

Le calme est revenu à Cuba après les manifestations historiques de dimanche. Mais la colère populaire peut-elle déstabiliser le régime communiste ?

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des Cubains vivant au Mexique participent à une manifestation devant le consulat cubain à Mexico (Mexique), le 12 juillet 2021. Photo d'illustration. (SASHENKA GUTIERREZ / EFE)

Cuba a été secoué dimanche par des manifestations inédites contre le gouvernement. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques contre les manifestants. Des images auxquelles les Cubains ne sont pas du tout habitués et qui semblent avoir refroidi leurs ardeurs.

Aux États-Unis, les exilés cubains ont manifesté lundi 12 juillet mais dans les rues de la Havane, la situation est calme. Plus de manifestants mais des militaires et des policiers qui patrouillent. Et avec ce calme, c'est le retour de l'omerta et de la peur raconte la correspondante de franceinfo à Cuba. Ils sont peu à accepter de dire qu'ils étaient là dimanche. Pourtant des milliers de Cubains exaspérés sont descendus spontanément dans 40 villes et villages,  "le plus grand rassemblement depuis plus de 60 ans", selon un site d’information cubain indépendant. 

Les manifestants le disent, ils sont "fatigués". Fatigués de voir le pays sombrer. À cause de la crise du Covid, il n’y a plus de touristes à Cuba, et le tourisme c'est justement c'est ce qui tenait le pays en vie. À cause des sanctions économiques et de l’embargo toujours imposés par les États-Unis depuis 1962, les Cubains luttent pour survivre. Il n'y a plus de médicaments, plus de produits de base comme de l'huile, du savon, et les coupures d'électricité sont quotidiennes.

Lors d'une prise de parole lundi, le président cubain Miguel Diaz-Canel, a accusé les États-Unis d'être derrière ces manifestations, dénonçant la politique américaine "d'asphyxie économique".

Les États-Unis et l'Union européenne ont appelé au calme. "Le peuple cubain exige sa libération d'un régime autoritaire. Je ne pense pas que nous ayons vu quelque chose comme cette manifestation depuis très, très longtemps. Les États-Unis sont fermement aux côtés du peuple cubain", a affirmé Joe Biden, mettant en garde le pouvoir cubain, "nous appelons le gouvernement cubain à se garder de toute violence et de toute tentative de réduire au silence le peuple de Cuba". Le président américain va devoir prendre en main le dossier des sanctions contre Cuba. Ce qui n'est pas une priorité de son mandat.

Une nouvelle génération

Ces manifestations peuvent-elle déstabiliser le régime communiste à Cuba ? Étant donné l'ampleur et l'écho des rassemblements de dimanche, on aurait pu penser que oui. Mais lundi, les Cubains se sont enfermés une nouvelle fois dans la peur et le silence. Une douzaine de personnes ont été arrêtées. Cependant tout n'est pas fini. Depuis la révolution cubaine de 1959, la société civile a beaucoup changé. Aujourd'hui la nouvelle génération réclame plus de liberté et pour cela elle a accès à internet, aux réseaux sociaux. Cette génération ne veut plus être bloquée, seule, différente, au milieu des Caraïbes. Elle regarde notamment ce qui se passe dans le reste de l’Amérique latine, comme au Chili

La société cubaine n’est plus un bloc, elle n’est plus homogène et il sera de plus en plus difficile pour le parti communiste unique d’imposer une seule et même discipline. Les temps ont changé, et d’ailleurs les artistes et les intellectuels le montrent. Cette année, plusieurs rappeurs cubains (dont certains vivent en exil aux États-Unis) ont sorti une chanson pour dénoncer les dérives du régime. Une chanson polémique reprise dimanche par les manifestants. Avec le titre La Patrie et la vie, le groupe a détourné le slogan révolutionnaire de Fidel Castro : La Patrie ou la mort.

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