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Allemagne : vers un retour du service militaire obligatoire ?

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l'Allemagne réfléchit à rétablir le service militaire obligatoire. L'idée fait débat outre-Rhin.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un soldat de l'armée allemande lors de manoeuvres en Saxe, le 24 janvier 2023 (PHILIPP SCHULZE / DPA)

C'est le nouveau ministre de la défense, Boris Pistorius, en poste depuis un mois, qui a relancé le débat en qualifiant il y a quelques jours "d’erreur" la fin du service militaire obligatoire. Il a été supprimé en Allemagne en 2011. La conscription obligatoire a été remplacée par un service volontaire, qui rassemble cette année 9 200 participants, dont 18% de jeunes femmes.

Selon les estimations, un retour du service militaire permettrait d’appeler sous les drapeaux 700 000 jeunes chaque année. Cela permettrait de se rapprocher de l’objectif que s’est fixé le chancelier : faire de la Bundeswehr la force armée la mieux équipée d’Europe. Car l'armée allemande manque non seulement de matériel mais aussi de personnel.

Les Allemands sont divisés

45% y sont favorables, 39% opposés. Les hauts responsables militaires sont plutôt opposés à l’idée. Le principal blocage est d’ordre logistique : après la fin du service obligatoire, la Bundeswehr s’est débarrassé d’un certain nombre de ses casernes, nécessaires pour loger les recrues. L’autre problème, c’est le manque d’instructeurs, sans oublier les pénuries de matériel déjà largement insuffisant pour équiper les 55 000 militaires de carrière.

Pour relancer le dispositif, sept à huit années seraient nécessaires, selon les experts militaires qui disent aussi que ce n’est pas d’un volume important de jeunes appelés dont l’Allemagne a besoin, mais de personnel hautement qualifié pour constituer enfin une armée moderne. Car les armes et les technologies sont de plus en plus sophistiquées et leur maniement requiert de l’expérience.

Le président du parti libéral FDP, Christian Lindner, qui est aussi le ministre des Finances, s’oppose catégoriquement à l’idée. Dans un pays où deux millions de postes sont vacants, il estime que se priver d’environ 700 000 jeunes chaque année serait une erreur et néfaste pour l’économie.

Le modèle norvégien

La solution serait peut-être un compromis, à l’allemande, inspiré du modèle norvégien. Tous les jeunes sont soumis aux tests de sélection militaire, c’est l’équivalent des trois jours que passait chaque futur appelé en France. Mais ensuite, seule une petite partie est choisie, et sélectionnée pour passer le service militaire, en fonction des besoins de l’armée, chaque année.

Ce dispositif a l’avantage d’être plus adapté aux besoins réels et moins coûteux, mais il ne pourrait voir le jour que si le budget de la Défense augmente de façon conséquente. Car le fonds spécial de 100 milliards d’euros débloqué l’an passé pour la Bundeswehr ne serait pas suffisant.

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