Au Japon, un distributeur de viande d'ours sauvage fait polémique
C'est un distributeur qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques semaines. On est au nord de l'île principale du Japon, dans la province montagneuse d'Akita, réputée pour ses eaux thermales, ses sakés raffinés et… ses ours noirs, dont la chasse est une tradition ancestrale et parfaitement légale (mais controversée).
À la gare, les passagers qui prennent le Shinkansen, le train à grande vitesse japonais, peuvent repartir avec un petit souvenir : de la viande d'ours sous vide pour 15 euros les 250 grammes, accessible 24 heures sur 24.
Les journaux, comme le Mainichi Shinbun, qui évoque le succès de ce distributeur, installé en novembre, précise que "les ours sont capturés dans les montagnes par les membres d’un club de chasse et que la viande est préparée dans un abattoir."
Une attraction touristique
Pour l'instant, la machine distribue une quinzaine de paquets par semaine. Mais le bouche à oreille fonctionne : l'opérateur a reçu des demandes de livraisons depuis Tokyo, à plus de 400 km. La viande d'ours est un mets délicat, riche en fibres, en vitamines et en collagène. En termes de goût, on la compare souvent au chevreuil. L’office de tourisme conseille d'ailleurs d'aller aussi goûter le ragoût d’un restaurant local. Bref, c'est devenu une attraction touristique et culinaire, mais limitée, car il y a des quotas à ne pas dépasser. Environ 1 000 ours ont toutefois pu être abattus dans la région d'Akita, l'an dernier.
Évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde. Les défenseurs des droits des animaux rappellent que "les ours sont des animaux sauvages pas censés finir en plats cuisinés". Ils défendent leur rôle dans la préservation de l'écosystème et réclament la fin de la chasse. D'autant qu'au niveau mondial, l'ours noir d'Asie est classé comme une espèce en voie de disparition.
Les attaques d'ours en hausse
Sauf qu'au Japon, la cohabitation avec l'homme se passe de moins en moins bien. Comme le pays se dépeuple, un grand nombre de terres agricoles, qui servaient de zone tampon entre l'habitat des ours et celui des humains, est progressivement abandonné par les habitants. Les ours ne sont pas forcément plus nombreux, mais ils s'y promènent plus facilement. Ce qui les rapproche considérablement des villes.
Le nombre d’incidents ne cesse d'augmenter : deux morts et 158 blessés en 2020. Cinq attaques en six mois l'an dernier dans la préfecture de Miyagi. Les autorités préféreraient trouver un moyen de coexister avec les "ours urbains" mais n'ont d'autre choix que d'augmenter les quotas de bête pouvant être abattus, c'est une question de sécurité.
Selon les directives du ministère de l'Environnement, le nombre annuel d'ours pouvant être chassés doit être limité à 12 % de leur population estimée. Mais la préfecture de Miyagi a relevé ce plafond à 15 % en avril. En 2021, elle a compté 3 629 ours, soit plus du double du chiffre de 2014. Les distributeurs de viande fraîche n'en sont qu'à leur début.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.