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Boycott des produits français : Paris réplique

Paris réplique à l'appel au boycott des produits français dans le monde musulman, un mouvement qui prend de l'ampleur après les propos d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat avait promis de ne pas renoncer aux caricatures de Mahomet. Il persiste et signe.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Des rayons sans produits français dans un supermarché d'Amman (Jordanie), le 26 octobre 2020. (STR / MAXPPP)

L'Elysée veut couper court aux actes anti-français, tuer dans l'oeuf cette contestation attisée par l'islamisme radical : dès dimanche 25 octobre, Emmanuel Macron se fend d'une série de tweets, en français en angais et en arabe. "Nous défendons le débat raisonnable" dit le chef de l'État, "jamais les discours de haine". "Rien ne nous fera reculer. Jamais".

Ne rien céder : le ministère des Affaires étrangères est tout aussi ferme. Dans un communiqué, publié également ce dimanche 25 octobre, il dénonce ces minorités qui "dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, de la liberté de religion et du refus de tout appel à la haine. Ils dénaturent également et instrumentalisent à des fins politiques les propos tenus par le président de la République".

Ces appels au boycott dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté.

Ministère des Affaires étrangères

C'est bien "avec les musulmans de France, qui sont partie partie intégrante de la société, de l’histoire et de la République françaises" que nous cherchons à lutter contre contre l’islamisme radical. 

Arrêtons l'amalgame : voici en substance le message que les ambassadeurs français, présents au Maghreb ou au Moyen-Orient, sont eux aussi chargés de faire passer aux autorités.

En France, le recteur de la mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, dénonce lui aussi "une propagande mensongère visant à discréditer notre pays, la France."

Des rayons de supermarchés vidés des produits français

Depuis ce week-end, les appels au boycott des produits français se multiplient. Sur les réseaux sociaux, vous verrez ces images de supermarchés au Qatar ou en Arabie Saoudite où l'on vide ostensiblement des rayons entiers de La Vache qui Rit, de Babybel, de paquets de pâtes ou de pots de confiture. Les chaînes Al-Meera et Souq al-Baladi ont notamment annoncé qu'elles "retireraient"  jusqu'à nouvel ordre les produits français de leurs magasins.

Au Koweït, le chef de la Fédération des agences de voyages, Mohammad al-Motairi, affirme que 430 agences suspendaient toutes les réservations de vols à destination de Paris. L’Iran et la Jordanie appellent aussi à bouder les produits "made in France". Les internautes postent même des images de toutes les marques à éviter Moulinex, Lancôme, Total, Lafarge.

Et puis vous verrez aussi des images de manifestations, de drapeaux tricolores incendiés, de portraits d'Emmanuel Macron piétinés.

Une contestation symbolique

L'impact économique d'un boycott sera pourtant a priori assez limité, les échanges commerciaux de la France avec les pays du Moyen-Orient restant relativement limités. L'an dernier la France n’a par exemple exporté  "que" 600 millions d’euros de produits vers le Koweït, contre... 70 milliards vers l’Allemagne

Selon les douanes, le Proche et le Moyen-Orient représentent tout au plus 6% de nos exportations agro-alimentaires (environ trois milliards d’euros - uniquement de produits transformés). 

Les manifestations, elles, ne rassemblent que quelques dizaines, voire quelques centaines de personnes (200 manifestants samedi à Jaffa devant la résidence de l'ambassadeur de France en Israël). Très loin de ce qui s'est passé en 2015, après la première publication des caricatures. En Tunisie, des internautes tournent même en dérision ces tentatives de boycott ; ailleurs on pointe l'ignorance d'islamistes syriens, qui ont bien mis le feu à un drapeau bleu blanc rouge mais un drapeau aux bandes horizontales... le drapeau néerlandais donc, et pas français.

Protestations officielles au Pakistan et au Maroc

Si les réseaux sociaux sont en émoi, au niveau des Etats les protestations officielles sont limitées.

Elles viennent essentiellement du Pakistan (premier pays à protester en septembre au moment de la republication par Charlie des caricatures du prophète Mahomet), du Maroc (le ministère des Affaires étrangères déclarant dimanche que la diffusion continue de caricatures "outrageuses" du prophète Mahomet était "un acte de provocation").

Sans oublier la Turquie, accusée de mettre de l'huile sur le feu et de vouloir prendre la tête de la contestation contre la France.

On a beaucoup parlé des invectives de Recep Tayyip Erdogan, émettant des doutes sur "la santé mentale" d'Emmanuel Macron : montrer les muscles, étendre son influence, c'est aussi une stratégie politique destinée à rassurer et à détourner la colère de la population, qui souffre d'un contexte économique difficile.

Trois pays donc, un chiffre à relativiser quand le monde compte une cinquantaine d'Etats à majorité musulmane.

Le soutien des internautes indiens

Par ailleurs la France bénéficie du soutien des internautes indiens, qui ont lancé sur Twitter le mot clé #StandwithFrance, «contre le terrorisme islamique».

Le mouvement a pris une telle ampleur que ce "hashtag" s'est même retrouvé dimanche parmi les mots-clés les plus consultés dans le pays.

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