Cinq grains de riz pour 80 euros : un magasin en ligne (fictif) alerte sur les conséquences d'un monde sans eau
Le site internet The Drop Store créé à l'initiative du gouvernement néerlandais est un site très particulier où l'on trouve une dizaine de produits alimentaires seulement. Et pour se les offrir, il faut avoir les moyens.
Un petit bout d'épis de maïs, 35 grammes : 118 euros. Un petit sachet de cinq grains de riz : 80 euros.
Un flacon d'eau pure, plus chère que du parfum : 180 euros les 15 ml (l'équivalent d'une cuillère à soupe). On trouve aussi de l'eau normale bien plus abordable, mais elle est marron et, prévient l'étiquette, "susceptible d'être polluée par divers produits chimiques ou pharmarceutiques". Pour vos petits creux, un snack protéiné, très "crunchy" comme dit l'emballage : on dirait une barre de céréales, c'est un agglomérat d'insectes, mouches, cafards et vers : 138 euros. Un produit de substitution à la viande rouge.
Mais vous pourriez préférer les pilules en forme de mini-pizza, goût margherita – on dirait une boîte de médicaments – 148 euros. Un avis client (factice, comme le reste) dit : "Je n'ai jamais mangé de vraie pizza, mais d'après mes amis qui en ont déjà goûté, ces pilules ont un goût très ressemblant".
Une personne sur trois n'a déjà pas un accès libre à l'eau potable
Ce site est une fiction pure, ces aliments, évidemment, ne sont pas à vendre. Ils ont été imaginés par l'agence Publicis à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’eau qui s'est tenue en mars 2023. Car c'est peut-être ce qui nous attend dans un monde sans eau. Un monde où, à cause du changement climatique, des sécheresses et de la hausse des températures, l'eau potable deviendrait une ressource rare, voire inexistante.
Cela peut vous paraître de la fiction, mais c'est déjà une réalité pour plus d'une personne sur trois dans le monde, selon l’Unicef et l’Organisation mondiale de la Santé. En 2030 (autant dire demain) près de la moitié de la planète aura des difficultés d'accès à l'eau potable.
Et ce que veulent montrer les Pays-Bas avec ce site The Drop Store, c'est que cette crise de l'eau aura un impact direct, un impact majeur sur nos modes de consommation dans les pays développés. Et donc que le riz, le maïs ou la margherita deviendront des produits de luxe. Parce que pour produire un kilo de maïs, par exemple, il faut au total 1 222 litres d'eau. Chaque aliment a sa fiche de consommation en eau, basée sur une étude scientifique, et le site nous explique pourquoi on risque d'en arriver à cette raréfaction.
La riziculture utilise par exemple 40% de toute l'eau d'irrigation dans le monde. Le riz contribue au bouleversement climatique, mais il en est aussi victime. Pour la margherita, c'est parce que la sécheresse aura eu raison des récoltes de tomates, d'olives et de blé. Et parce qu'il faut beaucoup trop d'eau aussi pour nourrir les bufflonnes qui produiront le lait pour la mozzarella. Le manque d'eau entraînant de mauvaises récoltes, une réduction de la production et une augmentation des prix pour tout le monde. "De nombreuses choses que nous mangeons et apprécions aujourd'hui disparaîtront complètement, dit The Drop Store, ce qui réduira la diversité et la nutrition de notre alimentation".
Des actions concrètes au quotidien
L'initiative, pourtant, ne se veut pas culpabilisante. Les Pays-Bas ont surtout voulu créer un choc de conscience, avec l'idée c'est que l'on peut encore agir pour protéger la ressource eau. "Les Nations unies voulaient que nous diffusions ce message à l’échelle mondiale pour que les gens comprennent la valeur de l’eau", dit Eduardo Marques, directeur d’exploitation de Publicis.
Le site renvoie vers des organisations partenaires comme le WWF ou le mouvement "Fill up the glass" qui propose aux jeunes des actions très concrètes dans la vie de tous les jours, comme limiter sa consommation de viande ou utiliser des protections hygiéniques réutilisables
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