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Comment Nauru, État confetti du Pacifique, peut faire basculer le monde vers l'exploitation des fonds marins

Les grands fonds marins seront-ils exploités bientôt par des compagnies minières ? Un tout petit État du Pacifique pousse pour... et cela risque de changer le visage de nos océans.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De la poussière de phosphate sur l'île de Nauru dans le Pacifique. (TORSTEN BLACKWOOD / AFP)

Nauru, c'est un État minuscule, un confetti dans le Pacifique : une vingtaine de kilomètres carrés seulement, moins de 10 000 habitants. Cette île, situé à près de 5 000 kilomètres des côtes australiennes, s'y connaît bien en exploitation minière. En 1906, un gisement de phosphate, gigantesque, est découvert. Ce sont les colons allemands puis australiens qui lancent les chantiers. En 1968, Nauru accède à l'indépendance et devient, grâce au phosphate exporté à l'étranger, immensément riche.

>> Environnement : l'autorité internationale des fonds marins confrontée au risque d'exploitation des ressources minières situées à plus de 4 000 mètres de profondeur

En 1974, son PIB dépasse même celui des États-Unis. Mais à force de creuser, forcément, la ressource s’épuise. Et aujourd'hui, Nauru lorgne sur l’Océan. Le micro-État a passé un accord avec un géant canadien, The Metals Compagny, pour aller fouiller sous l’eau.    

Les grands fonds marins classés "patrimoine commun de l’humanité"  

Pour exploiter les fonds marins, à plusieurs centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres de fonds, Nauru a besoin d'une autorisation. Aujourd'hui, les grands fonds marins sont classés "patrimoine commun de l'humanité". L'exploration y est déjà possible, mais pas l'exploitation. C'est l’Autorité Internationale des Fonds Marins qui est chargée de les protéger, mais aussi, et c'est paradoxal, de mettre en place un code minier : des règles avant d’aller chercher peut-être à l'avenir du nickel, du cobalt ou du cuivre.

Des discussions sont en cours depuis dix ans. Mais en 2021, Nauru est venu bousculer cette autorité, en lui donnant deux ans pour boucler le dossier. C’est technique, mais c’est possible. Et on y est : depuis dimanche 9 juillet, il est possible de lancer une demande d'exploitation. Nous sommes dans une "période de flou juridique" avec un risque de "désastre écologique" alertent plusieurs ONG.

Nauru, en quête désespérée de survie économique

 
Si Nauru s'est transformée en fer de lance de l'exploitation des océans, c'est pour l'argent.
Parce qu’après une phase de grande richesse, Nauru s’est effondré dans les années 1990. Comment se relever quand sa terre a été dévastée à près de 80% ? Quand l’agriculture est donc limitée ? Et le tourisme aussi ? En 2011, le taux de chômage atteint les 90%. Le pays a alors lancé plusieurs pistes, pas toujours légales d'ailleurs. Parmi elles, la vente de passeports ou le blanchiment d'argent sale.
Depuis 2012, aussi, Nauru se fait payer pour placer dans des camps sordides sur son sol, les migrants clandestins que l'Australie ne veut pas accueillir. Des camps décrits par Médecins sans frontières "comme des lieux de désespoir infini", avec des suicides d'enfants qui, parfois, s'aspergent d'essence pour en finir.

Le dernier réfugié est parti il y a quelques jours. Et l’île, dans une course effrénée à la survie, se tourne vers l’Océan. Rien n’est joué encore. L’Autorité internationale des fonds marins se réunit à partir du lundi 10 juillet, en Jamaïque pour plusieurs semaines de négociations. Et une petite vingtaine de pays, dont la France, réclament un moratoire, "une pause de précaution".

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