Danse, théâtre, cinéma... Les artistes russes de plus en plus soumis à la censure et aux poursuites
La mainmise du Kremlin sur la culture est devenue encore un peu plus forte avec la nomination du chef d'orchestre Valeri Guerguiev au poste de directeur du célèbre Bolchoï de Moscou, le grand théâtre de la capitale russe où se jouent les grandes pièces, les opéras, les ballets... Valeri Guerguiev était déjà le directeur du théâtre Marinsky à St-Petersbourg, il va donc désormais diriger les deux plus grandes scènes du pays.
Tout un symbole pour cet homme qui a dirigé les plus grands orchestres sur les plus grandes scènes du monde entier, qui ne veulent plus de lui aujourd'hui parce que Valeri Guerguiev est surtout connu pour être un soutien du pouvoir russe. S'il n'a jamais rien dit officiellement sur l'invasion de l'Ukraine, il avait officiellement soutenu l'annexion de la Crimée, ou donné un concert en Syrie dans les ruines de Palmyre avec l'armée syrienne.
Il remplace au Bolchoï Vladimir Ourine, dont le mandat devait s'achever en 2027, mais qui a décidé de partir de son plein gré selon la version officielle. Mais Ourine, pourtant connu comme plutôt pro-Kremlin, avait eu le malheur de signer une lettre ouverte appelant "toutes les parties" à cesser les combats en Ukraine. Une formulation très prudente, mais qui lui a probablement coûté son poste.
Censure dans tous les domaines
De nombreux artistes russes ont fui le pays depuis le début de la guerre, précisément parce qu'ils s'étaient prononcés contre l'invasion de l'Ukraine. Plusieurs pièces ont ainsi été retirées du répertoire, parce que leurs auteurs sont considérés comme des opposants. La cérémonie des Masques d'or, l'équivalent des Molière en Russie, a été un vrai casse-tête à organiser l'an dernier à cause de cette situation.
Au printemps dernier, le Bolchoï avait retiré de son répertoire le ballet Noureev de Kirill Serebrennikov, au prétexte qu'il tombe sous le coup de la loi interdisant en Russie la "propagande" LGBT", Noureev n'ayant jamais caché son homosexualité.
Cette censure s'exerce dans tous les domaines : la peinture, la littérature, le cinéma, tous les artistes sont priés désormais de rester neutres, a minima. Sinon, ils risquent clairement la prison. L'un des cas les plus connus est celui de la metteuse en scène Evguénia Berkovitch : emprisonnée, accusée d'apologie du terrorisme pour une pièce de 2020 qui raconte le calvaire de femmes de jhiadistes, qui avait pourtant été primée en Russie.
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