Elle a fui les Talibans, elle est Afghane, danseuse de breaking et participe aux JO de Paris 2024

Le breaking est une discipline qui fait ses débuts en tant que sport olympique à Paris cet été. Parmi les concurrentes, la B-Girl Manizha Talash, 21 ans, une jeune Afghane qui a fui le régime des Talibans. La danseuse fait partie de l’équipe olympique des réfugiés.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manizha Talash, danseuse de breaking afghane, le 12 juin 2021. (ADEK BERRY / AFP)

L’équipe olympique des réfugiés est parrainée par le Comité international olympique, pour les athlètes déplacés. Ils sont 36 et parmi eux, Manizha Talash, qui fera partie des 16 B-Girls, (c’est comme ça qu’on appelle appelle les danseuses de break), à s’affronter lors de la compétition de breaking, le 9 août.

Tout commence il y a environ cinq ans, quand la jeune femme, alors âgée de 17 ans, tombe sur une vidéo sur Facebook qui montre un jeune homme en train de tourner sur la tête. C’est l’effet "Waouh" pour l’adolescente qui le contacte immédiatement et s’inscrit à son club. Petit détail : sur la cinquantaine de breakers que compte l’association, Manizha Talash est la seule femme.

Elle réchappe à deux attentats

Et les ennuis commencent très vite. Avant même le retour des Talibans au pouvoir, la jeune fille reçoit des menaces de mort, et échappe à deux attentats à Kaboul. "Un jour, confie la jeune femme à la BBC, on avait un évènement et une explosion a eu lieu juste à l’extérieur du club. On nous a dit que si on aimait la vie, il fallait le fermer". Et tout empire en août 2021, quand Kaboul tombe une nouvelle fois aux mains des Talibans, à la suite du retrait des troupes américaines. Manizha Talash fait alors un choix : avec son petit frère de 12 ans, elle se tasse dans une voiture avec des membres de son équipe direction le Pakistan, où elle vivra un an dans l’illégalité, la peur au ventre.

"Si j’étais restée en Afghanistan, je pense que je n’existerais plus. Ils m’auraient exécutée ou lapidée à mort."

Manizha Talash, B-Girl

à franceinfo

Grace à une ONG, elle obtient le statut de réfugiée avec son frère, en Espagne. Direction Huesca, où elle travaille comme femme de ménage pour survivre, et où, surtout, elle peut danser à sa guise des heures durant. Puis le bouche à oreille. L’amie d’un ami inonde les adresses mails officielles des membres du Comité olympique. L’équipe des réfugiés est au complet. Mais son histoire émeut tellement qu’on lui fait une place. Ses entraînements sont pris en charge. Aujourd’hui Manizha Talash dit ne même pas penser à une médaille. Sa victoire, c’est d’être ici, à Paris, pour les Jeux Olympiques.

@manizhatalash #afghangirls #girlpower ♬ breaking bboy舞曲 bboy soundtrack 8 - Front.z

Aujourd’hui, Manizha Talash a retrouvé sa mère, sa petite sœur et son autre frère qui vivent désormais à ses côtés. Elle, qui souhaite un jour retourner en Afghanistan, dit vouloir envoyer un message à toutes les petites filles afghanes : "Ne jamais capituler, malgré les défis et les obstacles".

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