Émeutes au Kazakhstan : Moscou envoie des soldats "de maintien de la paix"
Le Kazakhstan sous état d'urgence. Les manifestations déclenchées dimanche par la hausse du prix du gaz dégénèrent en émeutes. La Russie et ses alliés envoient sur place une force de maintien de la paix.
C'est une révolte qui a pris tout le monde de court dans ce pays où depuis trente ans aucune tête ne dépasse, où le pouvoir a toujours étouffé la contestation sociale. Le Kazakhstan, première économie d'Asie centrale longtemps habituée à des taux de croissance à deux chiffres, souffre aujourd'hui de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation de la monnaie locale et à une forte inflation.
>> Suivez les dernières informations sur la situation au Kazakhstan dans notre direct
Dans un pays très inégalitaire, une minorité extrêmement riche côtoie la pauvreté de la majorité de la population. Les premières revendications étaient donc économiques – le prix du gaz naturel liquéfié, utilisé comme carburant – a été multiplié par deux au 1er janvier. Mais très vite, elles sont devenues politiques. Les manifestants appellent maintenant la chute du régime.
#Kazakhstan : les pays satellites de la Russie sont en train de s’émanciper. Le régime de Poutine se sent de plus en plus menacé, il est en train de perdre le contrôle. La révolte de ces peuples est impressionnante. Les gens veulent du changement. pic.twitter.com/6LqvfIpkMq
— Andreï VAITOVICH (@andreivaitovich) January 5, 2022
Dans la capitale économique, Almaty, leur colère s'est retournée contre les bâtiments gouvernementaux, ils ont incendié la télévision nationale, attaqué des casernes pour y prendre des armes, dévasté l'aéroport. Plusieurs pays voisins ont suspendu leurs vols. Sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos montrent des échanges de tirs. Selon la police, les morts se comptent déjà par dizaines.
"Gangs terroristes formés à l'étranger"
Le président Kassim-Jomart Tokaiev est d'abord revenu sur l'augmentation du gaz puis il a limogé le gouvernement. Ça n'a pas suffit. Il a installé l'état d'urgence avec couvre-feu, coupé internet, envoyé les blindés. Il a même accepté, comme le réclamaient les protestataires, d'écarter du pouvoir une figure tutélaire, l'ancien président Noursoultan Nazerbaïev, 81 ans, à la tête de l'État pendant 28 ans, jusqu'en 2019, qui continuait en réalité de tirer les ficelles grâce à son poste de président du Conseil national de sécurité. Ça n'a pas suffit.
Puis Kassim Tokaiev a sorti son dernier atout mercredi 5 janvier. Dans une intervention télévisée, il affirme que des "gangs terroristes entraînés à l'étranger" dirigent les manifestations. Contre cette "agression" il appelle à l'aide Moscou et ses alliés qui promettent, dans le cadre de leur organisation régionale, l'envoi rapide d'une force de maintien de la paix.
Les 1er soldats russes sont arrivés au Kazakhstan. Ils se déploient actuellement. pic.twitter.com/7xrH0LqYCz
— Restitutor Orientis (@RestitutorOrien) January 6, 2022
L'ancienne république soviétique, qui fait cinq fois la taille de la France, a des ressources naturelles exceptionnelles. Le Kazakhstan produit un tiers de l'uranium dans le monde. Il exporte son gaz, beaucoup de gaz. Et sur la mer Caspienne possède des gisements de pétrole, qui représentent à peu près 3% des réserves mondiales.
Il reste très lié à son ancienne puissance tutélaire, les russes y représentent d'ailleurs près de 20% de la population. Moscou n'a aucun intérêt à laisser le chaos s'installer d'autant que c'est toute la région qui risque d'être déstabilisée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.