En Israël, des enseignants pris en flagrant délit de racisme envers les Noirs
Lors d'une sortie scolaire organisée pour les lycéennes d'un établissement religieux de Netivot, dans le sud d'Israël, un élève jette un œil sur le groupe WhatsApp qu'un enseignant est en train de consulter. La boucle s'intitule : "Voyage scolaire / Les noirs", et les messages y sont consternants, moqueurs et racistes envers les lycéens noirs, des Israéliens juifs d'origine éthiopienne. L'élève prend des photos de l'écran et les publie sur les réseaux sociaux avec ce commentaire : "Bonjour à tous les 'éducateurs' de notre école. Cela m'attriste de voir comme ils sont tombés bien bas aujourd'hui. Au lieu d'être nos enseignants, de nous servir d'exemples et de nous faire sentir en sécurité, vous avez fait le contraire."
Après la révélation de cette histoire dans les médias israéliens, le principal a très vite réagi, faisant part de sa "stupéfaction et de son chagrin" après ces propos "extrêmement malheureux et offensants".
Mais ce type d'incident n'est malheureusement pas surprenant en Israël. Dans les années 80, l'Etat hébreu s'est mobilisé pour les Ethiopiens de confession juive, quand la famine et la guerre civile ravageaient leur pays. L'armée et le Mossad ont organisé leur évacuation par des gigantesques ponts aériens en un temps record. À leur descente des avions militaires en Israël, les réfugiés ont été accueillis par des applaudissements. Mais ensuite, la réalité a été plus dure : des familles séparées pendant des mois, la vie dans des grands ensembles, une rééducation religieuse, la pauvreté, le chômage, les violences policières et le racisme... En 2015 puis 2019, il y avait même eu des émeutes.
"Pour les Noirs, les luttes sont les mêmes dans beaucoup de pays"
En mai 2020, pour la première fois une personne d'origine africaine était nommée ministre en Israël : Pnina Tamano-Shata, née en Ethiopie et aujourd'hui députée d'opposition de centre-droit. Nous l'avions rencontrée à l'époque et elle parlait sans langue de bois : "Partout dans le monde, être noir génère malheureusement des combats et des défis. Partout dans le monde on voit des discriminations contre les Noirs, les luttes sont les mêmes dans beaucoup de pays. Nous devons réaliser qu'il y a là une génération brisée. Il en va de la responsabilité des gouvernements et de dirigeants, y compris en Israël." Ce discours est donc toujours d'actualité. Les professeurs impliqués dans cette boucle WhatsApp raciste ont été suspendus et passeront en conseil de discipline.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.