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Energie, défense... Entre Paris et Berlin, les contentieux s'accumulent

Ça ne va pas fort dans le couple franco-allemand. Alors qu'un sommet européen crucial sur les questions d'énergie se tient jeudi 20 octobre à Bruxelles, depuis plusieurs mois déjà Paris et Berlin ne sont plus du tout sur la même longueur d'ondes.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les drapeaux de l'Allemagne (à gauche) et de la France (à droite). (ODD ANDERSEN / AFP)

Bien sûr les torts sont partagés, mais la liste des contentieux s'allonge. Cela va tellement mal que Paris et Berlin annulent au dernier moment un rendez-vous qu'aucun des deux pourtant n'avait raté depuis 20 ans : le conseil des ministres franco-allemand, initialement prévu mercredi 26 octobre à Fontainebleau. La rencontres est reportée à janvier, si d'ici là tout le monde s'est rabiboché. Car personne n'est dupe, il ne s'agit pas que de problèmes d'agenda. Les deux partenaires ont de vraies divergences de fond.

L'Allemagne la joue solo

La cerise sur le gâteau c'est fin septembre quand le chancelier allemand, Olaf Scholz, sort sans prévenir son plan à 200 milliards d'euros pour aider ses entreprises et ses ménages à faire face à l'inflation. Les Allemands sont ravis évidemment mais cela scotche tout le monde. Parce que des aides aussi massives, élaborées sans concertation alors qu'autour de soi certains copains européens sont bien endettés et bien dans la galère c'est quand même pas très solidaire. Ça l'est d'autant moins que Berlin ne rate jamais une occasion de faire la leçon à ses voisins en matière de rigueur budgétaire. C'est perçu comme "Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais".

Sur l'énergie, il y a un point très spécifique sur lequel Paris et Berlin s'opposent quasiment tous les jours, et qui sera discuté aujourd'hui à Bruxelles au conseil des 27, c'est le prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité. L'Espagne et le Portugal ont pu plafonner les tarifs, la France voudrait qu'on fasse la même chose dans toute l'europe. Sauf que ça, ça donne des boutons à Olaf Scholz... baisser artificiellement le prix du gaz, dit-il ça incite à consommer plus, c'est la fin de la sobriété énergétique. Et puis surtout les gros fournisseurs comme le Qatar ou la Norvège iront vendre leur marchandise ailleurs.

Un "bouclier du ciel européen"... sans la France

En matière de défense, vous avez deux gros projets industriels emblématiques de la coopération franco-allemande qui s'enlisent : le char du futur et le Scaf, l'avion du futur censé remplacer en 2040 les rafales et les eurofighters... on n'est pas près de les voir sortir des usines.

Mais ce qui a vraiment fâché Paris, c'est ce système de défense anti-missiles et anti-aérien dont Berlin veut s'équiper au cas où les choses tourneraient vraiment mal avec la Russie. 14 pays de l'Otan ont rejoint ce projet de "bouclier du ciel européen" qui serait construit à partir de matériel allemand, americain, voire israélien. Exit la france qui a tout misé sur son système sol-air Mamba.

C'est la guerre en Ukraine qui a accentué tous ces désaccords : une guerre qui a déplacé le centre de gravité de l'Union européenne. C'est à l'est que tout se joue, en Pologne, dans les Pays Baltes, dans tous les pays exposés à la menace russe. L'Allemagne regarde aujourd'hui vers eux bien plus que vers la France. Même s'il ne faut pas sous-estimer non plus le fait que si les Allemands donnent l'impression de faire cavalier seul, c'est aussi parce que c'est déjà tellement difficile de se mettre d'accord au sein de la coalition, entre les démocrates, les verts et les libéraux... qu'ils n'ont plus forcément le temps de penser à leur partenaire français.

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