États-Unis : des dirigeants d'universités accusés d'attiser les tensions dans la guerre au Proche-Orient

Depuis le 7 octobre, la guerre au Proche-Orient provoque des tensions très vives sur les campus américains entre étudiants pro-israéliens et pro-palestiniens. La Maison Blanche parle de "situation alarmante" et les dirigeants des universités sont eux aussi pointés du doigt.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les présidentes des universités d'Harvard, de Pennsylvanie et du MIT, lors de leur l'audience face aux membres du Congrès américain. (KEVIN DIETSCH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Mercredi 6 décembre, les présidentes d'Harvard, du MIT et de Penn, trois universités prestigieuses, étaient invitées à s'expliquer devant une commission du Congrès sur la hausse des incidents antisémites sur leur campus. La républicaine Elise Stefanik leur pose alors cette question : "Appeler au génocide des Juifs est-il en contradiction oui ou non avec le code de conduite de votre université ?"  Trois fois elle obtient la même réponse : "Cela dépend du contexte". Ça ne lui convient pas, alors elle repose sa question encore et encore.


Ça ne change rien, les trois présidentes restent sur leur ligne : "Cela dépend du contexte. On ne peut pas condamner d'emblée". Alors la députée s'emporte, "Non, cela ne dépend pas du contexte. Appeler au génocide des Juifs ne doit pas être accepté. Vous devriez démissionner", appelle-t-elle en dénonçant la faillite morale des dirigeantes.

Depuis mercredi, cette vidéo enflamme les réseaux sociaux. Les trois présidentes sont clouées au pilori par les soutiens d'Israël avec cet argument, le relativisme, c'est l’alibi des intellectuels de gauche pour s'accommoder de la barbarie. Parler de "génocide palestinien" n'est pas un sujet. L'homme d'affaires Dave Portnoy jure de ne plus embaucher pour son site Barstool Sports d'étudiants issus d'Harvard, du MIT et de Penn, après le témoignage des présidentes, jugé "inacceptable à tous les niveaux".

Les donateurs réduisent leurs soutiens

Cette séquence montre surtout la position délicate des dirigeants d'universités, contraints d'arbitrer en permanence entre la condamnation des propos haineux et la protection de la liberté d'expression, sacralisée par le premier amendement de la Constitution. Tout en conservant de bonnes relations avec leurs donateurs, qui représentent aux États-Unis une source majeure de financement dans l'enseignement supérieur.

L'exemple d'Harvard est édifiant. Dès le 7 octobre, des organisations étudiantes publient une lettre ouverte accusant Israël d'être responsable des violences. La présidente attend plusieurs jours avant de la condamner. Sa réaction est jugée trop tardive et des donateurs importants coupent aussitôt leur soutien. C'est le cas de la Fondation Wexner qui investissait chaque année 2 millions de dollars dans l'université pour favoriser l'accès des étudiants aux programmes des futurs leaders de la communauté juive américaine.

Le milliardaire Ken Griffin, ancien diplômé de Harvard n'a, quant à lui, pas remis en cause sa participation de 300 millions de dollars, mais il a exigé une réponse plus ferme de la part de l'université. Le gouvernement lui aussi menace de diminuer les aides fédérales si des mesures fortes ne sont pas mises en place pour réduire la tension et les actes antisémites et antisionistes sur les campus.

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