Grâce à "Moïse", Venise sauvée des eaux
Moment historique à Venise ce samedi. Pour la première fois, grâce à un ouvrage technologique hors norme baptisé "Moïse", la Sérénissime n'a pas été inondée.
Il était 8h35 samedi 3 octobre quand à Venise, les digues artificielles, qui reposent à plat au fond de l'eau, se sont dressées lentement jusqu'à la verticale pour créer un véritable mur contre la marée montante.
En une heure et dix-sept minutes seulement, le barrage était en place : des gros caissons rectangulaires, de couleur jaune citron, positionnés aux différentes entrées de la lagune, bien serrés les uns à côté des autres. Ils ont repoussé la vague d'un mètre 29 qui s'apprêtait à inonder la ville.
Ce phénomène des "acque alta", Venise le connaît bien : chaque année à l'automne, la cité des Doges est envahie par les eaux. L'an dernier la crue était exceptionnelle, 1 mètre 87 au-dessus du niveau de la mer, les dégâts considérables notamment dans les églises.
++A #Venezia il #Mose è sollevato++
— Luigi Brugnaro (@LuigiBrugnaro) October 3, 2020
Sono le 10.10 e in questo momento si nota l‘evidente dislivello tra il mare e la laguna.
La situazione è stabile. Ora rimaniamo in attesa.
Siamo fiduciosi#acquaalta #3ottobre @comunevenezia @CMVenezia pic.twitter.com/LWPPXzT6JB
Mais samedi, pour la première fois, le miracle s'est produit : la Piazza San Marco n’a pas été inondée. Pas plus que la Basilique byzantine. Les touristes n'ont pas eu besoin d'emprunter les passerelles, et les commerçants ont pu retirer leurs planches de bois. Tout le monde a gardé les pieds au sec ! Une fois le danger écarté, les gros caissons jaune se sont sagement recouchés au fond de la lagune.
Un jour historique
Le patriarche de Venise, Francesco Moraglia, a salué "un jour d'espérance" tandis que le président de l'Association des commerçants de la place Saint-Marc a évoqué de son côté "un jour historique". Pour l'anecdote, ce programme d’ingénierie extrêmement ambitieux a été baptisé "Moïse" (en italien "Mose", c'est un acronyme) comme le prophète qui dans la Bible écarte les eaux de la Mer rouge.
Pourtant ce projet est né dans la douleur : les 2 milliards d’euros annoncés au début du projet vont devenir plus de 7 milliards. Scandales, polémiques, corruption, malfaçon et coûts d’entretien exorbitants : ça fait 40 ans que les Italiens entendent parler de ce projet pharaonique et interminable, symbole de toutes les dérives italiennes.
Il costo del #mose a #Venezia continua a salire, si va ormai oltre i 6 miliardi. Sperando non diventino 7. pic.twitter.com/ABhywj5NRS
— Franco Fois (@francofois) April 22, 2020
Les digues de "Moïse" auraient d'ailleurs dû entrer en service il y a quatre ans déjà. Et ce qui s'est passé ce samedi 3 octobre n'était qu'un test grandeur nature, puisqu'il faudra attendre décembre 2021 pour que les travaux soient complètement terminés, et que les digues soient capables de repousser des vagues de plus de 3 mètres de haut, ce qui se produit une ou deux fois par siècle.
Ça ne veut pas dire non plus que Venise est dorénavant complètement à l'abri des inondations : "Moïse" n’entrera en action qu’à la faveur de marées jugées trop fortes pour la Piazza San Marco et la circulation des vaporetti. Dimanche, la marée qui faisait 1,15 mètre n'a pas été bloquée, et environ 20% des quartiers ont été inondés.
A #Venezia , dopo la prova riuscita ieri del #Mose, vediamo come è la situazione, in diretta da piazza San Marco. pic.twitter.com/UF3GoVhKjZ
— Tg1 (@Tg1Raiofficial) October 4, 2020
Malgré tout, ce projet est un grand soulagement pour les commerçants qui ont énormément souffert du confinement et de l'arrêt des croisières en raison de la pandémie de coronavirus. Venise compte seulement 50 000 habitants, mais reçoit chaque année 36 millions de visiteurs, dont 90% d'étrangers.
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