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Guerre en Ukraine : vers un sixième "paquet" de sanctions, quelles conséquences pour la vie des Russes ?

La Commission européenne a finalisé dans la nuit de mardi 3 à mercredi 4 mai un paquet de sanctions qui devrait toucher le pétrole russe. Le sixième. L’occasion de voir quels sont les effets des cinq premiers paquets en Russie.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des distributeurs de billets de la Sberbank à Moscou (Russie), banque russe qui risque d'être visée par le sixième paquet de sanctions. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

Les premières sanctions contre la Russie ont commencé avant le début de la guerre. Dès le 22 février lorsque Vladimir Poutine a reconnu les républiques séparatistes du Donbass. Elles empêchaient par exemple Moscou d’accéder au marché des capitaux européens. Ensuite, on va l’observer de façon très claire, chaque paquet de sanctions va être plus sévère que le précédent. L’Europe choisit donc une riposte graduée. Tout un tas de secteurs est visé : les finances, les transports, l’énergie, l’alimentation et à chaque fois, le sac des sanctions est plus lourd.

Par exemple au début, les Européens ne ciblent que les pièces détachées, puis ensuite les produits "finis" comme les produits sidérurgiques dans le quatrième paquet. Les 27 excluent du système Swift sept banques russes, puis trois de plus, sans toucher la plus importante. Cette arme fait pourtant de la Russie un "paria du système financier international". Les médias russes sont aussi touchés. Ceux qui permettaient au Kremlin d’étendre sa propagande, comme Russia Today et Sputnik, sont interdits en Europe dans le troisième paquet. Le dernier paquet de sanctions, adopté le 7 avril, décide de l’embargo sur le charbon, le bois, le ciment et l’alcool russe.

Un embargo sur le pétrole

Le sixième paquet, proposé par la Commission européenne, devrait viser le pétrole et les produits pétroliers. Un embargo progressif sur six ou huit mois. Deux pays pourraient être exemptés : la Hongrie et la Slovaquie qui dépendent totalement du pétrole russe. Ils auront jusqu’à 2023 pour mettre en place d’autres alternatives. Ces exemptions créent des dissensions au sein de l’Union européenne car d’autres États, comme la Bulgarie, aimeraient en bénéficier. Pour être accepté, le paquet doit être voté à l’unanimité. Cette sanction sur le pétrole pourrait faire mal à la Russie car l’Union européenne représente les deux tiers de ses exportations d’or noir. L’année dernière, cela a représenté 80 milliards de dollars. Le sixième paquet pourrait aussi viser Sberbank, la banque la plus importante de Russie qui représente 37% du marché. Elle pourrait être exclue du système Swift. La Commission européenne parle aussi de taxe sur le transport par tankers.

Quelles conséquences pour les Russes ?

Magasins fermés, inflation... En Russie plus qu'ailleurs, le prix des choses a augmenté. 17% d'inflation en un an. Les bouteilles de vin par exemple : avant à Moscou, on pouvait en acheter une pour 1 000 roubles, environ 13 euros. Aujourd’hui, la même bouteille est à 1 800 roubles, 25 euros, soit 80% d’augmentation. Les Moscovites et les autres Russes des grandes villes ne peuvent d’ailleurs plus aller dans les chaînes de magasins occidentales comme Zara ou Ikea qui ont fermé. La nourriture pour chat a augmenté de 25%, les lentilles de contact de 20%. Dans les cinémas, ce ne sont pas les prix qui freinent mais le manque de films : les films étrangers ne sont plus diffusés.

Un secteur est bien à la peine : celui des voitures neuves. En mars, les ventes ont chuté de 63% et les prix se sont envolés + 40% voire 60%. Une conséquence de l’arrêt d’export de pièces détachées et le retrait de plusieurs marques du marché russe. Et pour ceux qui ont déjà une belle voiture, comptez parfois 1 000 euros pour la vidange d’une voiture allemande. Poutine peut s'enorgueillir d'une chose : l’effondrement du rouble, tant annoncé, n'a pas eu lieu. Grâce à un sérieux contrôle des capitaux, la monnaie russe tient bon. Mais pour combien de temps ?

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