Guerre entre Israël et le Hamas : Ibrahim al-Organi, le Bédouin qui s'enrichit au détriment des Gazaouis

C’est un homme-clé dans la guerre entre le Hamas et Israël. Il est égyptien, bédouin, et c’est lui qui a la haute main sur les traversées de la frontière entre la bande de Gaza et le Sinaï.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Ibrahim Al-Organi (CAPTURE D'ECRAN AL-ORGANI GROUP)

C'est un business immoral et très lucratif : 5 000 $ pour un adulte, 2 500 $ pour un enfant de moins de seize ans, des tarifs multipliés par sept depuis l'offensive israélienne à Gaza. Et comme les familles sont rarement composées de moins d'une dizaine de personnes, l'addition est salée pour sortir de l'enclave. Ibrahim al-Organi a le monopole de ce juteux marché de l'exil. Et il profite clairement de la crise pour s'enrichir sur le dos d'une population prête à tout pour échapper à la mort.

La facture est envoyée au nom de la société de tourisme Hala. C'est une des nombreuses branches du groupe al-Organi. On a peu d'informations sur la holding, mais dans une publicité accessible sur YouTube, l'entreprise se présente comme la plus grande société en Egypte, avec 17 hôpitaux, 25 000 employés et des activités notamment dans la construction et l'automobile. Tout cela avec, évidemment, l'aval de la présidence égyptienne. Car rien dans cette région ne peut se faire sans l'accord du maréchal al-Sissi

Un deal avec le président égyptien

Il y a quatorze ans, Ibrahim al-Organi était en prison après avoir été arrêté lors de manifestations organisées par des Bédouins. Car il est originaire du Sinaï. Il est Tarabin, la plus grande tribu bédouine de ce vaste désert à l'est de l'Egypte, qui partage une large frontière avec Israël et la bande de Gaza. C'est une zone de trafic et de tourisme que le pouvoir central a toujours eu du mal à contrôler. À son arrivée à la tête de l'Etat, il y a un peu plus de dix ans, le maréchal al-Sissi a décidé de reprendre en main le territoire en éliminant les groupes liés à l'Etat islamique, qui était à l'époque en pleine expansion. Il s'est donc appuyé sur des tribus locales et sur Ibrahim al-Organi.

Ce dernier est aujourd'hui l'homme de confiance du président dans la région et son rôle est d'autant plus important que l'Egypte a une crainte : qu'un flot de réfugiés palestiniens vienne, sous la pression des Israéliens, s'installer dans le Sinaï. Le Caire renforce donc sa surveillance des frontières et semble avoir passé un accord tacite avec Al-Organi. L'homme d'affaires promet l'aide des Bédouins pour empêcher une éventuelle crise migratoire, et en échange al-Sissi le laisse prospérer dans ses affaires. 

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