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Hausse des prix : un ramadan morose et sous tension partout dans le monde

C'est le début du ramadan, un mois de jeûne pour les musulmans du monde entier. Un mois qui sera moins festif que d'habitude, conséquence de la guerre en Ukraine qui a entraîné une augmentation des prix.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une échoppe sur un marché d'Alger, lors du ramadan 2020. (BILLAL BENSALEM / NURPHOTO)

A la nuit tombée, pour la rupture du jeûne, c'est normalement l'heure des grands repas en famille, des tables qui débordent de tajines, feuilletés à la viande, pâtisseries au miel... Mais cette année, l'ambiance est morose. 

C'est vrai que tous les ans à la même période, les prix s'envolent. C'est vrai aussi que la reprise après la récession liée au Covid a accentué cette tendance. Mais aujourd'hui le blé, l'huile, ou le maïs importés d'Ukraine ou de Russie valent parfois deux fois plus cher. Le coût du fret maritime et du carburant ont aussi augmenté, l'inflation est générale.

L'inflation pénalise les plus modestes

Dans les rues du Caire, les clients qui achetaient trois kilos de légumes n'en prennent plus qu'un. Sur les étals de Casablanca, le poisson a du mal à trouver preneur. Même en Arabie Saoudite, les consommateurs se plaignent ; et partout, les familles les plus modestes ne sont pas capables d'absorber cette hausse des prix.

Certains pays ont d'ailleurs pris des mesures pour limiter cette inflation en encadrant les prix des produits de première nécessité. En Egypte, premier importateur de blé russe et ukrainien, où plus d’un tiers de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, le gouvernement a plafonné le prix du pain. En février déjà, le taux d’inflation atteignait 10 % sur un an - un record depuis mi-2019 - phénomène aggravé ces dernières semaines par la dévaluation de la monnaie. Le gouvernement a du mettre en place des distributions de nourriture à prix réduit.

Le Qatar, lui, va encore plus loin. Chaque année, l'émirat fait baisser les prix pendant le Ramadan. Cette année 800 produits sont concernés, il n'y en a jamais eu autant. En plus de la nourriture il y a dans la liste le papier alu, la lessive et les gels douche.

Des politiques protectionnistes qui n'empêchent pas les mouvements de contestation sociale. Des manifestations commencent à être organisées ici ou là,comme au Maroc, où l'inflation est agravée par la sécheresse, la pire depuis 40 ans. Dépourvu d'hydrocarbures, le royaume chérifien a été touché de plein fouet par la flambée des prix des carburants, ce qui a entraîné une grève des transporteurs routiers ces dernières semaines.

Achats rationnés pour limiter les pénuries

Sans compter que la guerre en Ukraine a ravivé les réflexes de peur. Les consommateurs se sont précipités dans les rayons pour faire des stocks. A la mi-mars, le représentant des supermarchés tunisiens assurait que la vente de semoule avait bondi de 700%. Face aux pénuries, certaines enseignes ont du rationner les achats.

Ultime tentative pour tenter de contenir la crise alimentaire, d'autres pays comme l'Algérie ou la Côte d'ivoire ont choisi d'interdire les exportations de certains produits de consommation courante.

La France, soutenue par le G7, a lancé la semaine dernière l’initiative "Farm" à laquelle est associée L’Union Africaine pour prévenir le risque de famine, jugé quasi inévitable d'ici 12 à 18 mois. Très concrètement il s'agit de libérer les stocks de certains pays, d'inciter les plus riches à produire plus pour redistribuer et d'aider les plus dépendants à accroître leur production. 

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