Israël-Hamas : le cabinet de guerre de Benyamin Nétanyahou au bord de l'implosion

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Nétanyahou, a menacé, samedi, de démissionner si un "plan d'action" pour l'après-guerre à Gaza n'était pas adopté d'ici trois semaines.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'exprime lors d'une cérémonie marquant le Jour du souvenir de l'Holocauste, à Jérusalem, le 5 mai 2024. (MENAHEM KAHANA / AFP)

Attentat, vétusté de l'appareil ou conditions météo difficiles : on ne connaît pas encore les causes de l'accident d'hélicoptère qui a coûté la vie au président iranien, Ebrahim Raïssi, dimanche 19 mai, mais à Téhéran certains n'hésitent pas à montrer du doigt l'ennemi juré : Israël.

Ces accusations ne sont pas très surprenantes tant le contexte est inflammable entre les deux pays. Le mois dernier, après une frappe israélienne le1er avril contre le consulat de Téhéran à Damas, dans le quartier huppé de Kafr Sousa, le régime des mollahs a riposté en lançant plus de 350 missiles et drones en direction d'Israël. Le président Raïssi et son ministre des Affaires étrangères, qui était dans le même appareil, s'affichaient comme les premiers soutien du Hamas. Ceci étant dit, il est assez peu probable que leur disparition ait un impact majeur en matière de politique intérieure comme en matière de politique étrangère : le vrai dirigeant est le guide suprême, Ali Khamenei.

Le gouvernement israélien face aux critiques publiques


Cette disparition se produit néanmoins à un moment où le gouvernement israélien est lui aussi en pleine tempête. Les premières critiques publiques viennent du ministre de la Défense, mercredi dernier.

Lors d'une conférence de presse, Yoav Gallant, membre du Likoud, remet en cause le scénario de Benyamin Nétanyahou, qui prévoit de vaincre le Hamas, d'où les opérations militaires sur Rafah après avoir rasé le nord de l'enclave palestinienne, et de donner à Israël les clés de l'administration de la bande de Gaza. Il lui demande de plutôt "préparer" une "alternative gouvernementale au Hamas", qui serait moins hostile à l'État hébreu. 

Samedi 18 mai, c'est un autre membre important du cabinet de guerre, créé après les attaques du 7 octobre, qui met un gros coup de pression sur le Premier ministre : Benny Gantz, son principal opposant, ancien chef d'État-major, met sa démission dans la balance. Si un vrai plan stratégique n'est pas adopté d'ici le 8 juin, alors il claquera la porte. Jamais en sept mois ce comité n'a semblé aussi proche de l'implosion.

Si le projet de Benyamin Nétanyahou attire autant les critiques, c'est parce qu'il n'est pas clair. Le Premier ministre est en effet pris entre deux feux. D'un côté, ses alliés d'extrême droite au sein du gouvernement, à qui il doit sa majorité et son maintien au pouvoir. Eux veulent recoloniser Gaza. 
De l'autre, les États-Unis et leurs alliés, qui eux ne veulent pas de présence israélienne durable dans l'enclave palestinienne et réclament une vraie stratégie politique. Positionnement partagé par l'opposition. Sans aller jusqu'à une solution à deux États, Benny Gantz demande que les affaires civiles soient gérées par une administration partagée entre Américains, européens, pays arabes et palestiniens. 

Benyamin Nétanyahou de plus en plus fragilisé ?

Depuis le 7 octobre, la cote de popularité du Premier ministre a plongé. Tous les samedis, des manifestations parfois violentes ont lieu un peu partout en Israël pour contester son incapacité à avoir empêché l'attaque, son impuissance à obtenir un accord sur la libération des otages toujours aux mains du Hamas, et pour réclamer des élections anticipées sans attendre le prochain scrutin prévu en octobre 2026 . 

Selon un sondage réalisé il a deux mois par le quotidien israélien Maariv, si des élections avaient lieu aujourd'hui le Likoud, le parti de Benyamin Nétanyahou, perdrait la moitié de ses sièges à la Knesset. Alors que le parti de Benny Gantz, le camp de l'unité nationale, multiplierait son score par trois. Il faut aller aux urnes dès septembre, dit Benny Gantz qui brandit la menace d'une "fracture de la nation" israélienne. À ce stade en tout cas sans aucune perspective de cessez-le-feu malgré les appels renouvelés de Washington, seul un changement d'équilibre au sein de l'exécutif pourrait permettre de sortir de l'impasse. En attendant, les civils de Gaza sont toujours sous le feu. À l'aube, dimanche un bombardement israélien a fait 31 morts dans l'immeuble d'un camp de réfugiés.

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