L’enquête sur la mort de Pablo Neruda rouverte au Chili

Le grand poète, proche d'Allende, est-il mort d'un cancer ou a-t-il été assassiné par Pinochet ? La cour d'appel rouvre le dossier.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le grand poète chilien Pablo Neruda, 13 juin 1966. (SAM FALK / ARCHIVE PHOTOS/ VIA GETTY)

Pablo Neruda, le révolté, le prix Nobel de Littérature, l'ex ambassadeur du Chili en France est-il bien mort d'un cancer, comme le soutient la version officielle ? On parle d’un cancer de la prostate qui se serait aggravé subitement. Ou a-t-il été assassiné ?

Quand il s'éteint, à 69 ans, le 23 septembre 1973, le putsch du général Pinochet est encore tout frais. Douze jours qu'il est au pouvoir, 12 jours que le grand ami de Neruda, le président socialiste Salvador Allende a été renversé et s'est suicidé.

"Venez vite, j'ai reçu une piqûre, je me sens mal"

Au moment de sa mort, Pablo Neruda devait quitter le Chili et aller au Mexique, pour diriger l'opposition au régime Pinochet. Il était hospitalisé dans la chambre 406 d'une clinique de Santiago. Ces proches assurent qu’il n'était pas mourant. Ils ont demandé la réouverture d’une enquête, tout comme le Parti communiste auquel Neruda appartenait.  

La femme de Pablo Neruda, son chauffeur aussi, ont raconté ce coup de fil troublant qu'ils ont reçu du poète, agité, un peu avant sa mort. Il leur a dit : "Venez vite, j'ai reçu une piqûre, je me sens mal". C'est la théorie de l'empoisonnement, d'une injection de germes ou de toxines bactériennes. Mais jusqu'au retour de la démocratie en 1990, la peur de la dictature, de la répression, musèlent largement les voix contestataires.

Une toxine mortelle retrouvée dans l'une de ses molaires

C'est le témoignage, dans la presse, du chauffeur de Pablo Neruda, qui lance vraiment l'enquête en 2011. Le corps du poète est exhumé en 2013 et 16 spécialistes internationaux rendent leurs conclusions quatre ans plus tard. Sur l'injection ils ne tranchent pas. Même si, et cela n'a rien de normal, selon eux, une bactérie très toxique, potentiellement mortelle, est retrouvée sur une molaire de Neruda. Sur le cancer, en revanche, ils sont catégoriques : Pablo Neruda n'était pas en phase terminale.

L'enquête avait été clôturée sans poursuites en décembre. La Cour d'appel de Santiago revient donc sur cette décision et demande, entre autres, un examen calligraphique de l'acte de décès et nouveaux interrogatoires. Aujourd'hui, de nombreux témoins sont décédés. Ses médecins, sa femme et son chauffeur, au rôle si central, qui est mort en juin dernier. Quelques mois avant, il disait encore : "Neruda était un danger pour Pinochet et Pinochet ne voulait pas qu'il quitte le pays, pour quelque raison que ce soit".

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