La Suède, un modèle en débâcle à la tête de l'Union européenne
Le 1er janvier, le pays a pris pour six mois les commandes du conseil de l’Union européenne. Il y a peu d'attentes vis-à-vis de cette présidence tournante, d'autant que Stockholm garde un rapport assez distant avec ses partenaires.
La Suède et l'Europe, c'est comme un mariage de complaisance : Stockholm s'occupe avant toute chose de ses propres intérêts. Il y a vingt ans, le pays a refusé d'adopter l'euro pour garder sa monnaie, la couronne suédoise. Aujourd'hui, au parlement ou dans les campagnes électorales, on ne parle quasiment jamais des questions européennes. Les Suédois ne rêvent pas d'un grand projet politique, ils ont une vision très pragmatique et n'ont par exemple aucune envie de s'endetter en commun avec les européens du sud qu'ils jugent trop dépensiers et à qui ils font régulièrement la leçon. Rappelons que leur meilleur allié européen, avant le Brexit, était le Royaume-Uni.
Voilà pourquoi, pour sa troisième présidence du Conseil de l’Union européenne depuis son adhésion en 1995, la Suède va s'acquitter de son devoir – préserver l'unité des 27 face à l’agression russe en Ukraine, la crise énergétique et la récession économique – mais sans excès de zèle.
La Suède prend la présidence de l’UE, test de l’unité des 27 face à Washington https://t.co/CY387PjZgq
— EURACTIV France (@EURACTIV_FR) December 30, 2022
Et sans publicité : aucun événement particulier n'est prévu pour célébrer cette présidence et toutes les réunions ministérielles seront cantonnées dans un modeste centre de conférence, près de l'aéroport de Stockholm. Loin des yeux des citoyens.
Quelle sera l'influence de l'extrême-droite ?
Un sujet inquiète les européens, c'est le fait que que la coalition au pouvoir gouverne avec le soutien de l'extrême-droite. Les mal-nommés Démocrates suédois, eurosceptiques et anti-immigration arrivés deuxième aux législatives en septembre.
À la différence que l’accord de Tidö, signé un mois après l’élection par les 3 partis au gouvernement et Démocrates de Suède (SD), est un accord programmatique commun officiel.
— Ralf Anodin (@AnodinRalf) December 28, 2022
C’est une coalition: SD n’a pas de ministre mais le gouvernement s’engage à respecter le programme. pic.twitter.com/xqHMd8T9Ne
Certes ils n'ont aucun portefeuille ministériel, certes le premier ministre est un conservateur issu de de la droite traditionnelle, mais dans l'accord signé avec le gouvernement, ils ont négocié un droit de regard égal à celui de leurs partenaires, y compris sur les questions relatives à l’Union européenne.
Quand il faudra aborder la réforme du droit d’asile par exemple et faire ratifier des décisions prises à Bruxelles, les frictions seront inévitables. La Suède se retrouve en interne face aux mêmes difficultés que l'Europe qui cherche à contrer en son sein l'influence du nationalisme antilibéral de la Hongrie et la Pologne.
Un modèle qui se délite
La Suède, parangon de la socio-démocratie ? Ça a bien changé. D'ailleurs plus globalement, "le modèle suédois" tout entier est en train de se transformer, au point même de devenir un contre-modèle.
Au nom de "la liberté de choisir", des pans entiers du secteur public ont été privatisés ou dérégulés. Résultat, les bureaux de poste ont disparu du paysage, les trains sont moins nombreux à arriver à l'heure et les écoles, gérées par des sociétés privées, se font parfois concurrence comme des entreprises. Même le système des retraites, souvent cité en exemple en France à l'aube d'une réforme de grande ampleur, est en difficulté. Les inégalités se creusent. Ça tombe bien finalement que la Suède garde ses distances.
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