Le programme d’enfermement des musulmans chinois
La planète tourne et vendredi, nous posons le doigt au Xinjiang, en Chine
Le Xinjiang, c’est cette région de Chine où vivent notamment des Ouïghours, une des minorités chinoises musulmanes du pays. C’est à la frontière avec le Pakistan, l’Afghanistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan et la Mongolie, et c’est une obsession du pouvoir central de Pékin.
En une semaine, deux enquêtes viennent d’apporter un éclairage terrifiant sur la politique menée par Pékin contre ces musulmans. D’abord le New York Times qui a révélé 400 pages de documents confidentiels (lien vers une page en anglais) prouvant qu’il y a une politique systématique, décidée par le président Xi Jingping, d’écrasement des Ouïghours. Depuis 2014 a été mise en place, d’après ces "Xinjiang Papers", un nettoyage ethnique de la province. Un chef a été désigné pour mener à bien ces opérations, celui qui avait fait la même chose au Tibet auparavant. Le résultat : la construction plus de 500 camps et prisons, officiellement de formation. En fait des camps de travail forcé pour mater la communauté. Plus d’un million de musulmans, hommes, femmes et enfants y seraient enfermés.
"Camps de concentration"
Une autre étude vient corroborer cette enquête. Un groupe de militants ouïghours, le Mouvement national d'éveil du Turkestan oriental (East Turkestan National Awakening Movement), a étudié, avec de l’aide américaine, les images satellites disponibles sur Google Earth (lien vers une page en anglais). D’après eux, il y aurait en effet 182 nouveaux camps de concentration – en utilisant leurs termes –, et plus de 74 camps de travail construits récemment. Officiellement, encore, Pékin répond qu’il s’agit de centre de formations pour mieux éduquer la population musulmane à la société chinoise, et pour lutter contre le séparatisme et le terrorisme.
Le Xinjiang a en effet été le théâtre de violence dans les années 1990. Les ONG dénoncent un génocide par incarcération. Pas besoin de tuer, disent-elles, il suffit d’enfermer. Des milliers de Ouïghours dans le monde n’ont plus aucune nouvelle de leurs familles depuis des années. L’histoire, dit-on, est un éternel recommencement. Ces centres, on les a appelés camps de concentration pour les nazis, goulag pour les soviétiques. Pour celles et ceux que cette histoire intéresse, nous signalons la sortie du livre Goulag, une histoire soviétique. C’est écrit par Nicolas Werth, Patrick Rotman et François Aymé (éditions du Seuil). Et c’est une plongée effarante mais terriblement instructive dans le monde d’hier. Et donc, sans doute, celui d’aujourd’hui.
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