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Mer d’Oman : ce qui se cache derrière la crise entre l’Iran, Israël et le Royaume-Uni

Le 29 juillet, un navire appartenant à un Israélien est attaqué, un Britannique et un Roumain sont tués. Israël accuse l’Iran. Téhéran nie. Depuis, la tension monte.

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Mercer Street est attaqué par un drone en mer d'Oman le 29 juillet 2019.  (HASENPUSCH / DPA)

Le Mercer Street, détenu par un milliardaire israélien, navigue dans la mer d’Oman. Il relie la Tanzanie aux Émirats arabes unis lorsqu’il est attaqué par un drone jeudi 29 juillet. Des bateaux américains qui sont dans la zone témoignent.
Bilan : deux morts, un Britannique employé de la société de sécurité Ambrey et un membre d’équipage roumain.

Israël et le Royaume-Uni accusent alors l’Iran d’être à l’origine de l’attaque. Téhéran dément formellement. Depuis, le ton est monté. Tout au long du week-end et lundi, Israël a traité l’Iran "d’exportateur de terrorisme, de destruction et d’instabilité". L’État hébreu dit avoir des preuves de l’implication de Téhéran. Des accusations "infondées", selon l'Iran qui affirme qu'il "n’hésitera pas à défendre ses intérêts et sa sécurité nationale."

Les Etats-Unis ont menacé d’une "réplique appropriée et imminente". Dans la nuit de lundi à mardi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a promis  "une réponse collective".  Israël appelle à une action de l’ONU
La Grande-Bretagne a convoqué l’ambassadeur iranien à Londres. Les actions de l’Iran  "mettent en danger la paix et la sécurité régionales et internationales", a estimé dimanche le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Boris Johnson en a reparlé lundi, dénonçant une attaque  "inacceptable et scandaleuse". L’Iran devra "faire face aux conséquences", a prévenu le Premier ministre.

Ce n’est pas la première fois que des navires israéliens ou iraniens sont pris pour cibles en mer. Depuis des années, Israël et l’Iran s’affrontent directement ou indirectement en Syrie, dans la bande de Gaza ou au Liban. Ces derniers mois, la rivalité entre les deux pays s’est transposée en mer. Deux attaques de navires iraniens ont déjà eu lieu en mars en Méditerranée et en avril en Mer rouge.

Bras de fer sur le nucléaire iranien

L’une des clés pour comprendre ce qui se passe, c'est l'accord sur le nucléaire iranien. Les États-Unis, allié indéfectible d'Israël, ont évidemment soutenu l’État hébreu dans cette affaire de navire attaqué. Mais dans le contexte du dossier sur le nucléaire iranien, chaque pays a son propre intérêt. L’Iran veut faire monter la pression pour un nouvel accord plus favorable. Le pays est aujourd'hui asphyxié par les sanctions américaines. Israël veut l’en empêcher et espère envoyer un message fort à Téhéran. Le Royaume-Uni et les USA au contraire souhaitent calmer le jeu, car ils ne veulent pas que l’Iran quitte la table des négociations. Joe Biden est prêt à revenir dans l'accord sur le nucléaire que Donald Trump a quitté en 2018, rétablissant les sanctions américaines contre Téhéran.

Les négociations sont pour l'instant bloquées. Les parties engagées dans l'accord attendent que le nouveau président iranien, élu en juin, entre en fonction. L'investiture d'Ebrahim Raïssi a lieu mardi matin. L'ultraconservateur fera-t-il un geste vers les États-Unis ? Evoquera-t-il les tensions en mer d'Oman ? Il a déjà prévenu qu'il chercherait avant tout à "garantir les intérêts nationaux". Redresser l’économie sera son premier défi

La phase d'ouverture à l'Ouest de son prédécesseur Rohani semble donc terminée. La semaine dernière, l'ayatollah Khamenei, guide suprême, numéro 1 du régime et décideur sur les dossiers sensibles, a averti : "Faire confiance à l'Occident ne fonctionne pas". Un pivot vers l'est, c’est-à-dire la Chine et la Russie, est en route.

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