Opération militaire israélienne à Rafah : Benyamin Nétanyahou s'obstine malgré les critiques internationales

Il y aura bien une opération terrestre à Rafah, au sud de la Bande de Gaza. Le Premier ministre israélien persiste et dénonce les pressions internationales.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des barbelés entourent un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 mars 2024. (MOHAMMED ABED / AFP)

La vidéo est diffusée par son cabinet avec des sous-titres en anglais : aucune ambiguïté, le message délivré à ses ministres dimanche 17 mars est aussi adressé aux dirigeants qui sont de plus en plus nombreux à dénoncer le coût humain intolérable de la guerre contre l'enclave palestinienne (plus de 31 600 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas).

Certes Benyamin Nétanyahou promet d'évacuer les déplacés de Rafah avant toute intervention, mais il dit surtout ceci : "Nous allons intervenir à Rafah. Aucune pression internationale ne nous empêchera d'atteindre nos objectifs : éliminer le Hamas, libérer nos otages, et s'assurer que Gaza ne sera plus une menace pour Israël. Nous nous battrons jusqu'à la victoire totale". 

Message répété dans deux interviews sur CNN et Fox News spécifiquement à destination des Américains : personne ne va me dicter ma conduite.

Critiques américaines

Depuis l'attaque du 7 octobre, Joe Biden a toujours affiché son soutien. Mais les États-Unis, allié historique, commencent à prendre leurs distances. Washington approuve toujours l'éradication du Hamas, mais plus le bilan humain s'alourdit, moins le pouvoir américain accepte la méthode.

Lundi 18 mars au matin, l'armée israélienne a de nouveau bombardé l'hôpital al-Shifa, au nord de Gaza, au nord, où des dizaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge.

Même la personnalité juive la plus haut placée de l'appareil politique américain, Cuck Shumer, chef des sénateurs démocrates, estime désormais que Benjamin Nétanhyahu s'est "égaré", et qu'il fait passer "sa survie politique" avant l'intérêt supérieur d'Israël. Il faut des élections pour le remplacer, dit-il, avant qu'Israël ne devienne un paria. Ces propos ont été salués par Joe Biden qui les a qualifiés de "bon discours".

L'Allemagne, pourtant habituellement neutre sur les sujets liés à Israël, a ce dimanche joint sa voix via Olaf Scholz aux critiques internationales contre une intervention à Rafah où se massent plus d'un million et demi de Palestiniens - en partie sous des tentes. Un mur et des barbelés les séparent de l’Égypte qui refuse d'ouvrir la frontière.

La situation humanitaire empire

À Gaza, la situation humanitaire empire chaque jour. Oxfam accuse Israël d'empêcher "délibérément" l'entrée de l'aide, qu'il s'agisse de nourriture ou d'équipements médicaux. Dans un rapport publié lundi, l'ONG dénonce des "attaques contre des personnels humanitaires, des structures d'aide et des convois humanitaires". 

Quelques parachutages et la construction d'un port flottant par les Américains ne suffiront pas. La famine menace. Sur NBC, la directrice exécutive de l'UNICEF a eu cette phrase terrible dimanche : à Gaza, "même les bébés sont tellement faibles qu'ils n'ont plus assez de forces pour pleurer".

Les pays médiateurs - États-Unis, Qatar, Égypte - tentent de nouveau de parvenir à une trêve après celle d'une semaine fin novembre. Benyamin Nétanyahou a indiqué qu'il n'accepterait pas un accord "qui rend Israël faible et incapable de se défendre". 

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