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Proche-Orient : un député jordanien arrêté par Israël pour trafic d'armes

L'incident a eu lieu dimanche dernier à la frontière israélo-jordanienne, et a été géré très diplomatiquement. Explications.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le pont Roi Hussein, ou pont Allenby, à la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie, en janvier 2021 (AHMAD GHARABLI / AFP)

La scène se passe sur le pont Allenby, qui enjambe le fleuve Jourdain et marque la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie palestinienne occupée, un point de passage contrôlé par Israël. Dimanche 23 avril, un député jordanien, Imad Al-Adwan, arrive avec sa voiture. En raison de son immunité parlementaire, les Israéliens ne fouillent pas le véhicule mais sont quand même intrigués par son poids : la voiture pèse très lourd et frotte presque le sol.

Les agents décident de l'inspecter et découvrent 200 pistolets, une centaine de fusils d'assaut M16 et 100 kilos de pièces d'or, destinés aux Palestiniens. Le député et ses deux passagers sont alors arrêtés  et interrogés par les services de sécurité israéliens. Imad Al-Adwan, 35 ans, est très engagé pour la cause palestinienne, il est réputé proche du mouvement islamiste Hamas. Mais il est finalement renvoyé vers la Jordanie sans éclats de voix.

Pourquoi autant de prudence dans la gestion de cet incident ?

Parce que la discrète Jordanie est un pays essentiel pour la stabilité de la région et pour la sécurité d'Israël. Les deux pays ont fait la paix en 1994. La Jordanie est aussi frontalière de l'Arabie saoudite, la Syrie et l'Irak. Elle est donc une vigie pour Israël, inquiet des influences iraniennes ou encore de Daech. La Jordanie est un pays stable, contrairement aux voisins libanais et syriens d'Israël, mais aussi une plaque tournante du trafic d'armes.

Israël et les Etats-Unis ont donc intérêt à la stabilité du pays, d'autant que la Jordanie a un rôle essentiel à Jérusalem, car le pays est l'administrateur religieux de l'esplanade des Mosquées, l'un des endroits les plus disputés entre Israéliens et Palestiniens. Donc quand il y a des incidents, Israël et la Jordanie doivent se parler.

La Jordanie, dont la majorité de la population est palestinienne, sert aussi d'intermédiaire avec l'Autorité palestinienne, comme le 26 février dernier, avec un sommet à Aqaba en Jordanie pour calmer les tensions israélo-palestiniennes. Israël ne pouvait donc pas se fâcher avec la Jordanie... même si cette dernière a un député contrebandier.

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