En Inde, trois jours d’émeutes meurtrières contre les musulmans dans la capitale indienne
La planète tourne et nous posons le doigt ce matin en Inde, à New Delhi. C’est là que nous avions commencé la semaine avec la visite de Donald Trump, mais entre temps, des émeutes communautaires inédites ont endeuillé la capitale.
Pendant que Donald Trump et son épouse Mélania se faisaient photographiés devant le Taj Mahal, 38 personnes sont mortes et 330 ont été blessées à quelques kilomètres de Donald Trump. Trump n’a rien à voir avec ces émeutes, mais le Premier ministre Narendra Modi, qui le recevait en grande pompe, oui. Tout a commencé le dimanche. Un politicien hindou, proche du Premier ministre, est allé haranguer une foule de manifestants qui protestaient contre la nouvelle loi de nationalité. Membre du BJP, le parti hindou au pouvoir, il est venu attiser un sentiment de haine anti-musulmans, dans le nord-est de la capitale, déclenchant trois jours d’émeutes inédites depuis les années 1970. Des extrémistes hindous ont attaqué des commerçants musulmans, qui ont répliqué.
Des communautés religieuses galvanisées l’une contre l’autre
Cette loi, c’est l’oeuvre du Premier ministre Modi, obsédé par la présence des musulmans dans le pays. En décembre, pour restreindre le nombre de naturalisations de réfugiés musulmans, il fait voter une nouvelle loi de nationalité les excluant, déclenchant une vague de colère et de manifestations. Mais Modi ne lâche rien. Son programme, c’est l’Inde pour les Hindous, et la méfiance vis-à-vis du Pakistan voisin, à majorité musulmane.
Est-ce qu’on peut penser que le pouvoir a laissé faire ce que les musulmans de Delhi appellent déjà un pogrom ? C’est ce que dit Sonia Gandhi, à la tête de l’opposition. Elle dénonce une collusion, voire une conspiration entre les forces de l’ordre et les émeutiers hindous. Les attaques, d’après de nombreux témoins, semblent avoir été préparées : les attaquants ne venaient pas des quartiers voisins mais de plus loin. Et plusieurs jeunes musulmans affirment avoir été visés directement par des forces anti-émeutes. Dans ces quartiers où cohabitaient hindous et musulmans, le calme a fini par revenir. Mais les cicatrices seront longues à panser, si tant est que le pouvoir ne choisisse pas de les rouvrir.
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