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Une journaliste chinoise emprisonnée et en danger de mort : la pression s'accentue sur Pékin

Zhang Zhan, une journaliste détenue pour avoir dénoncé la gestion du Covid-19 en Chine, est en grève de la faim et en danger de mort. Sa situation interpelle la communauté internationale. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La journaliste chinoise Zhang Zhan dans une vidéo diffusée sur son compte YouTube. (YOUTUBE VIA AFP)

Zhang Zhan est un symbole, une sentinelle. La première à avoir témoigné de la situation à Wuhan en février 2020. La ville de Chine est alors l'épicentre opaque d'une épidémie de Covid-19  qui n'est pas encore mondiale, elle est surtout coupée du monde. Avec son téléphone la jeune femme, qui a été avocate, filme les hôpitaux surchargés, les patients livrés à eux-mêmes, le policier qui la chasse. En trois mois, elle poste plus d'une centaine de vidéos sur les réseaux et montre tout ce que le pouvoir veut cacher.

Condamnée pour "incitation aux troubles à l'ordre public" (formulation fréquemment utilisée par la justice chinoise) et "manipulation de l'information", Zhang Zhan est en prison depuis un an déjà. Il lui en reste trois à purger.

Elle ne pèse plus que 40 kilos

Mais parce que son acte de témoignage n'était pas un crime, Zhang Zhan s'est mise en grève de la faim partielle pour protester. C’est en fauteuil roulant qu’elle s’est présentée à son procès en décembre 2021. En août, elle a dû être hospitalisée durant onze jours. Aujourd'hui, elle est au bout de ses forces, au bord de la mort. 1,77 m, moins de 40 kg. Son frère et ses parents, qui ont pu établir une communication vidéo avec elle fin octobre, sont persuadés qu'elle "ne passera pas l’hiver ".

Ce sont d'abord les organisations humanitaires qui ont relayé l'appel de sa famille. Amnesty International, Human Rights Watch... Dans une lettre commune publiée le 17 septembre 2021, RSF et une coalition de 44 ONG de défense des droits humains avaient appelé le président chinois Xi Jinping à innocenter et libérer Zhang Zhan.
Lundi 8 novembre, Reporters Sans Frontières l'a sélectionnée parmi les possibles lauréats de son Prix de la liberté de la presse, qui sera décerné la semaine prochaine.

Un sujet de tension diplomatique

Zhang Zhan est même devenue un sujet diplomatique. L'Union européenne, les Etats-Unis et le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU avaient déjà réclamé sa libération. Aujourd'hui, les Américains se déclarent "très préoccupés par la détérioration de son état de santé". Le département d’État exprime même de "graves inquiétudes sur la nature arbitraire de sa détention et les mauvais traitements" qu'elle aurait pu subir.

Une prise de position qui ne va pas arranger les relations entre Pékin et Washington, d'autant qu'une rencontre par vidéo doit bientôt avoir lieu entre le président chinois, Xi Jinping, et son homologue américain, Joe Biden. La semaine prochaine selon l'agence Reuters. Les relations entre les deux grandes puissances sont déjà très tendues, sur le climat et les questions commerciales, mais aussi sur le respect des libertés à Taïwan et Hong Kong.

"Manipulation anti-chinoise"

La Chine, pour l'instant, n'infléchit pas sa position. Vendredi 5 novembre, devant la presse, le ministère des affaires étrangères qualifiait même les interventions en faveur de la libération de Zhang Zhan de "manipulations politiques antichinoises"Un porte-parole, Wang Wenbin, l'assure : "La Chine est un État de droit. Toute personne qui enfreint la loi doit être punie". Selon RSF, "la Chine reste la plus grande prison au monde" pour les défenseurs de la liberté d'expression. Ils sont plus de 120 à être derrière les barreaux. Au moins trois autres journalistes citoyens ont d'ailleurs été arrêtés en 2020 pour leurs témoignages concernant Wuhan : Chen Qiushi, Li Zehua and Fang Bin.

Au moins dix autres défenseurs de la liberté de la presse sont en danger de mort, dont le journaliste d'investigation Huang Qi, l'éditeur suédois Gui Minhai et le journaliste ouïghour Ilham Tohti. À ce jour, la Chine et son 1,4 milliard d'habitants compte toujours officiellement moins de 5 000 morts du Covid. Qui manipule l'information ?

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