Union européenne : la future présidente du Parlement européen sera peut-être une opposante à l'avortement
Roberta Metsola, favorite pour être élue présidente du Parlement européen en janvier 2022, est une Maltaise connue pour ses positions anti-avortement. Cela fait polémique.
Roberta Metsola a 42 ans. Si cette Maltaise est choisie en janvier 2022 par les eurodéputés pour succéder à l'actuel président du Parlement européen, David Sassoli, elle sera la plus jeune présidente jamais portée à la tête de l'institution. Elle serait également la troisième femme seulement, après Simone Veil et Nicole Fontaine. Tout cela est plutôt positif.
"I want to see a European Parliament that empowers, that inspires, that is diverse. That can legislate, investigate and scrutinise properly. That has a voice that is loud and clear. That can hold others to account."
— Roberta Metsola MEP (@RobertaMetsola) December 15, 2021
Speaking to @IndependentMlt https://t.co/tnUnECs4ax
Roberta Metsola est la candidate du Parti populaire européen, la droite de l'hémicycle. Elle fait partie de sa frange la moins conservatrice. Depuis huit ans, elle défend en effet régulièrement les droits des communautés LGBT+ sur les bancs du Parlement. Elle connaît très bien ses dossiers comme les arcanes de Bruxelles. Voilà d'autres points positifs.
Opposée à l'avortement et la contraception
Sauf qu'il y a une chose qui ne passe vraiment pas : son opposition viscérale à l’avortement. C'est une opinion très répandue à Malte, l'un des derniers pays de l'Union avec l'Andorre où l'IVG reste complètemement illégale – même en cas de viol, d'inceste, de maladie du foetus ou de danger pour la mère. Roberta Metsola est sur cette ligne : au Parlement, elle vote systématiquement contre toutes les résolutions qui défendent le droit à l’avortement et à la contraception. En septembre, elle s’est même abstenue de voter un texte qui demandait à la Commission européenne de criminaliser les violences faites aux femmes.
Même si le président du Parlement n’a pas beaucoup de pouvoir, même si Roberta Metsola a promis de ne pas prendre position sur ces sujets une fois élue, son élection serait un symbole désastreux, un recul pour la défense des droits des femmes.
Le droit à l'avortement recule en Europe.
— La Revue Dessinée (@LaRevueDessinee) December 15, 2021
L'élection de l'anti-IVG Roberta Metsola à la présidence du Parlement européen pourrait en devenir le symbole.@LebelAudrey et Aurore Petit ont enquêté sur les lobbys qui menacent les droits des femmes : https://t.co/bBvMX24Uvs pic.twitter.com/NdJPv4YIY2
Emmanuel Macron lui-même, interrogé sur le sujet lors de sa conférence de presse le 9 décembre, s'est montré très ferme. Il a incité les eurodéputés à choisir leur prochain chef "avec cohérence" et "en fidélité avec leurs combats". Les parlementaires critiquent régulièrement la Pologne pour ses atteintes au droit à l’avortement : une position à géométrie variable serait donc difficilement lisible.
Tractations entre groupes politiques
Il n'y a pas d'autre candidat à la présidence du Parlement qui fasse le poids pour éviter cet écueil. La gauche radicale et les eurosceptiques ont présenté un nom mais ce sont deux groupes très minoritaires dans les rangs du Parlement. Ceux qui comptent le plus de représentants après le Parti populaire, c'est-à-dire les socio-démocrates alliés aux écologistes et aux centristes de Renew, ont renoncé mardi à pousser un concurrent dans l'arène.
Roberta Metsola, future présidente du Parlement européen ? L’édito de @quatremer ⤵️ pic.twitter.com/roaQWpSlpY
— la faute à l'Europe? (@lafautealeurope) December 1, 2021
En échange, il négocient en vertu des petits arrangements politiques qui font le quotidien des institutions européennes. Car, dans cette affaire, il n’y a pas que la présidence du Parlement qui est en jeu. Il y a aussi les postes de vice-présidents, de questeurs, de présidents de commission, etc. Chaque groupe veut sécuriser sa parcelle de pouvoir. L'élection aura lieu à bulletins secrets lors de la prochaine session plénière, prévue le 18 janvier.
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