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Le mot de l'éco. Les effets pervers de la fièvre immobilière

10 000 euros le mètre carré, c'est le prix à payer en moyenne pour acheter dans la capitale. Ce nouveau record de prix vient d'être atteint à Paris. C'est ce que révèlent les chiffres communiqués par les notaires. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des immeubles à Paris dans le 5e arrondissement (illustration). (VINCENT ISORE / MAXPPP)

D’après les chiffres communiqués par les notaires, un nouveau record de prix vient d'être atteint à Paris. Il faut désormais payer 10 000 euros le mètre carré pour acheter dans la capitale. En cause, l’appétit des investisseurs, étrangers notamment, qui achètent pour louer. Dans Paris, les deux tiers des appartements sont occupés par des locataires. Et cet appétit immobilier est stimulé par des taux d'intérêt toujours historiquement bas.  

Une forte demande mais peu d'offres

D'autant que la construction de logements neufs, elle, ralentit fortement. D'où cette situation : 10 000 euros le mètre carré et cela va continuer à grimper. D'après les notaires, dans les compromis de vente qui viennent tout juste d'être signés, la moyenne serait plutôt autour de 10 300 euros le mètre carré.  

Les grandes villes sont encore loin des records de la capitale mais les prix augmentent également : plus 10% à Lyon en un an, plus 9% à Nantes. Sur les 10 dernières années, les prix de l’immobilier ont grimpé de 10% en moyenne sur toute la France, mais c'est 30% de plus dans les grandes métropoles. Et 60% de hausse à Paris.   

Effets pervers   

On peut lire l’immobilier comme un symptôme des maux de la société française.   - Sur le patrimoine et les ratés de l’ascenseur social : plus l’immobilier s'envole, plus l’accession à la propriété devient impossible, sauf à hériter d'un patrimoine immobilier.   - Si on se penche sur les lignes de fracture entre les territoires : l’envolée des prix dans les grandes villes se nourrit de la concentration des emplois dans les métropoles. Alors que dans les zones rurales, les maisons ont perdu de leur valeur et que les emplois s'y font plus rares.  

Des centres villes de plus en plus inaccessibles aux familles  

Aujourd'hui, pour acheter 75m2 à Paris, il faut gagner 11 000 euros par mois. Résultat : Paris perd des habitants, 12 000 par an. Des couples avec enfants essentiellement. Il y a donc des classes qui ferment dans les écoles parisiennes car il y a moins d'élèves.  

Paris inaccessible aussi aux étudiants. Avec un studio à 700 euros par mois en moyenne, la figure du jeune provincial venant faire ses études dans la capitale risque de devenir un mythe littéraire.  

Le marché de l’immobilier vient gripper le marché du travail

L’impossibilité de se loger près de son travail en raison des prix est une des explications au chômage structurel qui perdure en France. Les plus jeunes sont aussi les plus pénalisés : 8 embauches sur 10 se font en CDD, des contrats courts la plupart du temps, rédhibitoires, pour les agences comme pour les propriétaires immobiliers. 
D’où cette question : et si la lutte contre le chômage passait avant tout par une ambitieuse politique du logement ?

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