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Le mot de l'éco. Réforme des retraites : le flou demeure malgré la fin des concertations

Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites vient d'achever ses concertations avec les partenaires sociaux. De nombreuses questions restent en suspens. C'est l'un des gros dossiers du quinquennat. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Comment partir plus tôt à la retraite ? (JOEL SAGET / AFP)

Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites vient d'achever ses discussions avec les différents partenaires. Il rendra ses conclusions à l’été pour un projet de loi qui doit être présenté à la rentrée. Le calendrier s'accélère mais malgré l’enjeu, l'impact de la réforme demeure extraordinairement flou.     C'est le paradoxe.

Une très longue phase de concertations, près d’un an et demi

Une durée tout à fait inédite et quasiment un modelé de dialogue social, tant du côté des syndicats que du patronat, on loue la qualité des échanges. Pourtant, il est toujours impossible de se faire une idée, même à gros traits, des conséquences réelles de la réforme au-delà des principes généraux.  

Un système universel à points  

Le principe, c'est la création d'un système universel : un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous. Concrètement, cela reste un système par répartition, c’est-à-dire un système de solidarité entre les générations, à la différence des systèmes de capitalisation individuels qui existent par exemple aux États-Unis.  

Il regroupera et unifiera les 42 régimes de retraites qui existent aujourd'hui. Les règles de calcul seront les mêmes pour tout le monde : salariés, fonctionnaires ou indépendants. Ce sera un système à points, et plus, en annuités. On accumulera ces points tout au long de la vie. Et ils seront convertis en pension au moment du départ.  

L’âge légal reste fixé à 62 ans, Emmanuel Macron l’a redit. Rappelons toutefois, que l’âge légal n’est pas celui où on part effectivement en retraite mais celui à partir duquel on peut partir si on a tous ses droits.  

L’inconnue du montant des pensions  

Ce qu'on ignore, c'est l’essentiel. Quel sera le niveau des pensions dans ce nouveau système ? Quel taux de remplacement  par rapport au dernier salaire ?   Ce qui renvoie à d'autres questions : pendant la vie active, sur quel niveau de cotisation seront accumulés les futurs points ? Au moment de prendre sa retraite : quelle sera la règle de calcul pour convertir ses points en pension de retraite. Cette règle de calcul sera-t-elle modifiée, au fil du temps, en fonction de l’espérance de vie des français ? C’est le cas en Suède par exemple où il existe déjà un système de retraite par points.  

Il ne s'agit pas là de questions purement techniques mais bien au contraire du cœur de la réforme : que va modifier ce système par rapport à celui qui existe ? Or pour l'instant, ce projet de réforme reste extraordinairement elliptique. Alors certes, les derniers arbitrages n'ont pas encore été rendus ; ce sera au gouvernement de le faire.  

Comment discuter d'un projet d'une telle ampleur, sans le faire à partir de projections précises ?  

Les syndicats en tout cas n’y ont pas eu accès. Ce n’est peut-être pas un hasard. Le flou qui entoure les effets de la réforme empêche de donner prise à une critique frontale : difficile de s'opposer à ce qu'on ne mesure pas.  

Une stratégie à double tranchant. Difficile aussi pour l’opinion d'adhérer, ou simplement de comprendre une réforme dont l'impact reste aussi imprévisible à ce stade.              

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