Le mot de l'éco. Wall Street : le paradoxe de la tranquillité
La bourse américaine atteint des records, tirée vers le haut, notamment par des taux d'intérêt très bas. Mais paradoxalement, cette situation est source d'instabilité.
Cette semaine, pour la première fois de son histoire, l'indice Standard and Poor’s de Wall Street, indice de référence pour les investisseurs, a dépassé les 3 000 points. Le Dow Jones lui aussi est au plus haut.
Sur l’année, le CAC 40 a gagné plus de 18%
Les places boursières sont euphoriques. Et pourtant, de plus en plus d'analystes y voient un calme trompeur avant la tempête. Dans la théorie économique, on parle de "paradoxe de la tranquillité" (H. Minsky) : c'est quand tout semble aller bien que les investisseurs prennent le plus de risques, et donc, que les produits les plus spéculatifs se développent jusqu'à ce qu'un choc sur la croissance ou sur les taux d'intérêts provoque un retournement et, à l’arrivée, une crise financière.
Ralentissement de la croissance
Les places financières atteignent des sommets mais pas l’économie réelle. Les niveaux des bourses semblent de plus en plus déconnectés d'une croissance qui patine sur fond de Brexit et de guerre commerciale.
Aux États-Unis, la croissance ne devrait pas atteindre les 2,5% pour l’année prochaine. Le ralentissement est encore plus net en Europe. Même la Chine marque le pas.
Mais les marchés s'intéressent plus aujourd'hui aux taux d'intérêt qu’à la croissance réelle. Des taux d'intérêt bas qui risquent de diminuer encore un peu puisque la Banque centrale américaine devrait annoncer la semaine prochaine une baisse de ses taux directeurs.
Taux d’intérêt et endettement
Le problème, c’est que si les banques centrales, aux États-Unis comme en Europe d'ailleurs, maintiennent des taux d'intérêt bas, c'est en partie sous la pression des marchés financiers. Car si les taux augmentaient, cela pourrait provoquer un effondrement des bourses. Et une nouvelle crise financière. Pour l’éviter, les banques centrales maintiennent donc les taux à des niveaux historiquement bas mais ces très faibles taux d'intérêt incitent à s'endetter.
En 10 ans, l'endettement mondial (des entreprises, des états, des ménages) a augmenté de 50%. Si on prend la dette publique de tous les états du G20, on atteint le chiffre de 135 000 milliards de dollars, endettement colossal et facteur de risque. L’ironie de tout cela, c'est que cet endettement alimenté par de faible taux d'intérêt est le résultat de la crise de 2008.
C'est pour répondre à la crise que les banques centrales ont baissé leur taux et déverser d'immenses quantités de liquidité. 11 ans plus tard, le remède administré est peut-être la source de la prochaine crise.
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