Montpellier, la ville dont les sportifs sont les héros
Alors que le club de football s'apprête à devenir champion de France de Ligue 1 pour la première fois de son histoire dimanche, les handballeurs montpelliérains ont déjà décroché leur quatorzième titre national en 18 ans. Les rugbymen, eux, finalistes du dernier top 14, ont décroché in extremis une place dans le top six, et joueront le week-end prochain, contre Castres, les barrages d'accession aux demies-finales. Enfin, les basketteuses de Lattes-Montpellier sont vice-championnes de France, après une défaite en finale face à Bourges. Montpellier joue aujourd'hui les premiers rôles dans trois des quatre principaux sports collectifs, et elle est aussi très présente dans 22 autres disciplines sportives, dont le water-polo (où le club tentera d'ailleurs ce samedi de décrocher le titre national, contre Marseille).
Une dose de hasard
Les clés de cette réussite sont multiples mais il y a surtout... le hasard, explique l'ouvreur du Montpellier Hérault Rugby Club, François Trinh-Duc : "Il y a peu de culture, mais aussi et surtout une forte envie des collectivités et une envie politique de représenter la ville à travers le sport. C'est vrai qu'on bénéficie ici de belles infrastructures qui font qu'on a pu développer un grand club de rugby, de foot ou de hand" . Et c'est peu dire que les collectivités mettent la main au porte-monnaie pour soutenir le sport à Montpellier : 30 millions d'euros par an, sur un budget d'un milliard pour la seule agglomération présidée par Georges Frêche jusqu'à son décès le 24 octobre 2010. Il a été l'inspirateur, dès son arrivée à la mairie en 1977, de cette politique de soutien massif au sport, surtout collectif.
"Des valeurs importantes à cultiver en ces temps difficlles pour l'économie et le social"
Une politique que poursuit aujourd'hui sans détours son successeur Jean-Pierre Mourre. "C'est une action d'ensemble qui est menée sur le territoire et qui s'appuie sur des clubs qui travaillent pour l'avenir avec des centres de formation pour que le public se reconnaisse dans ces équipes. On est sur des valeurs importantes à cultiver en ces temps difficlles pour l'économie et le social et le sport est, avec la culture, l'un des deux éléments majeurs pour accompagner les compétences de l'agglomération" , explique le président de Montpellier Agglomération pour justifier les millions d'euros investis chaque année. Des millions que paye le contribuable, s'agace Jacques Domergue, député UMP de l'Hérault et conseiller municipal d'opposition à Montpellier. Il dénonce les taux très élevés de la fiscalité et l'exploitation politique des bons résultats par les socialistes... Mais il adoucit ses propos au micro, conscient qu'avec les résultats du moment, ce n'est peut-être pas très judicieux politiquement d'élever la voix sur le sujet.
L'argent ne fait pas tout
Le budget des collectivités n'est toutefois pas extensible à l'infini, d'autant que les ressources du secteur privé sont plutôt limitées sur Montpellier, dépourvue d'industrie et dont l'activité est plutôt tournée vers le secteur tertiaire. À l'exception, et ce n'est pas rien, de Louis Nicollin, président et fondateur du club de football, et de son groupe international spécialisé dans la collecte des déchets. Mais ce club a dû miser, comme le rugby ou le handball, sur la formation pour compenser le manque de millions.
Aujourd'hui, il en récolte les fruits, avec pas moins de trois joueurs nés à Montpellier et plus encore formés au club, dont le centre est dirigé depuis trois saisons pour Jean-François Domergue. "Les clubs de la ville se sont donné les moyens de bien accompagner les jeunes. Pour nous au MHSC, il n'y a pas que le terrain. Ce qui est important aussi c'est de construire l'homme, et dès l'âge de 13 ans quand ils rentrent au centre, on a trois axes de travail" , explique l'ancien international.
"L'aspect éducatif, l'écoute et le respect liés à l'identité forte du club, et puis l'école." Après, c'est aussi une question de génération et celle-ci est particulièrement talentueuse. Elle a donc l'occasion dimanche d'entrer dans l'Histoire et d'être sacrée, avec seulement le 13ème budget du championnat, l'année même où les Qataris sont arrivés au PSG les valises pleines de billets.
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