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Tiananmen, 25 ans après : l'ignorance de la jeune génération

4 juin 1989 : après six semaines de manifestations en faveur de la démocratie et contre la corruption, l’armée chinoise étouffe la contestation par la force. Et la génération née cette année-là ne sait rien de ce massacre dont le bilan reste inconnu.
Article rédigé par Philippe Reltien
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Un homme seul face aux chars sur la place Tiananmen © REUTERS)

Ils ont 25 ans, souhaitent rester anonymes et ont été choisis au hasard. Un tour de table pour répondre à une question : que s'est-il passé à Pékin il y a 25 ans ?

"Tiananmen...  Il s’est passé des trucs mais je ne sais pas trop quoi exactement " tente une fille. "J’en ai vaguement entendu parler"  ajoute un garçon. "Ça s’est passé en 90 ? ". "Non en 1989 " précise un autre, et tous rient. "Tu parles de Tienanmen c'est ça? J’ai vu un documentaire japonais la dessus il y a deux ans, avant je ne savais rien " précise un autre. "Est-ce qu’il y avait des chars dans la rue ?"  "Dans le Pékin d’aujourd’hui, ça ne se voit pas vraiment. J’aimerais bien savoir. Je me souviens que quand j’étais au lycée en cours de politique, le professeur avait prononcé une phrase la dessus, une seule phrase, je ne sais rien". 

Des chars des tirs et des victimes, il y en a eu beaucoup au terme des sept semaines d’occupation de la place Tiananmen. La population s’est interposée et la loi martiale a été décrétée le 20 mai. L’un des premiers à mourir dans la nuit du 3 au 4 juin  est un lycéen de 17 ans, Jiang Jielan, fils unique d’un couple de professeurs aujourd'hui à la retraite. Nous sommes devant le coffre qui contient ses cendres. Sur ce coffre est posé le bronze offert par la fondation France Libertés de Danielle Mitterrand à côté d’une photo de l’entrée du mémorial d’Auschwitz et d’un petit bout du Mur de Berlin. Ding Zilin est la présidente de l’association des mères de Tiananmen. Elle voudrait un mémorial. 

Le seul musée est à Hong Kong

Le bilan de ce massacre serait de plus de 1000 morts, 1400 disait l’AFP à l’époque. Il est toujours controversé. On doit encore répertorier les décès en province. Le premier musée indépendant a été inauguré à Hong Kong où un groupe de révisionnistes est venu protester pour dire qu’on ferait mieux de s’intéresser au massacre des civils commis en 1937 à Nankin par les Japonais  plutôt qu’à l’écrasement de cette rébellion contre-révolutionnaire. C’est le seul endroit de Chine ou l’on peut voir la photo  de l’homme qui arrête une colonne de char sur l’avenue de la Paix céleste, photo Associated Press de Jeff Widener prise le 5 juin depuis le balcon de l’hôtel de Pékin. A côté de lui il y a Patrick Lescot qui sera le premier à relater la scène sur le fil AFP : "Je me souviens avoir failli lui crier depuis le balcon de dégager" .

Il s’est passé quelque chose il y a 25 ans mais c’était hier va conclure en français l’un des jeunes invités au tour de table, "ça n’a pas de relation avec ma vie maintenant ".

 

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