Faut-il donner la parole à Bertrand Cantat ?
Emmanuel un auditeur de France Info s'alarme
" de cette publicité racoleuse faite à un homme au comportement à ce point
intolérable. Si on ne se souvenait pas de l'affaire à laquelle il a été mêlé
lors du meurtre de Marie Trintignant, on
finirait par croire à l'entendre, (et à l'empathie manifestée à son égard par
vos journalistes), qu'il en a été la véritable victime " L'auditeur très en colère termine son propos en parlant
" de sensationnalisme et de copinage " il dénonce " de tels
errements en matière de déontologie journalistique "...
- **Manquement à la déontologie !
Notre auditeur y va fort !
** Il faut dire
tout d'abord qu'Emmanuel n'est pas le
seul à faire part de son émotion ou de son incompréhension à chaque fois que les journalistes donnent la parole à Bertrand Cantat ou qu'ils font entendre une
de ses œuvres.Le même type de courriels arrivent lorsque la parole est donnée à des
écrivains ou des hommes publics qui ont affaire à la justice ou la condamnation
morale...
Mais il faut
comprendre aussi que les journalistes ne peuvent décider ou refuser de donner
la parole en fonction de critères moraux
Les chartes
des journalistes disent que "le journaliste ne doit pas confondre son rôle
avec celui du juge ou du policier" . C'est un point de déontologie très
important ! Il signifie que le journaliste n'est pas là pour juger ou
condamner (comme cela lui arrive trop souvent) mais pour rapporter les faits.
Comme le dit
encore le préambule d'une des principales chartes de la profession (celle de
Munich, 1971) " C'est du droit du public à connaître les faits et les
opinions que procède l'ensemble des devoirs et des droits des journalistes. La
responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre
responsabilité... "
**Il y a un autre aspect dans ce cas,
c'est que Bertrand Cantat a été jugé...
** Quelque soit
le jugement que chacun peut porter sur son crime, il a, selon l'expression
populaire, " payé sa dette à la société ! "
Imaginez qu'il s'agisse d'un artisan en bâtiment ou d'un agriculteur. Qui
aurait le droit de dire que cet artisan ou cet agriculteur n'a plus droit à
exercer son métier au nom de ses crimes passés, alors même qu'il aurait payé
cette dette ? Notre société ne peut fonctionner qu'avec le droit à la
réinsertion, le droit au pardon.
Ce qui semble poser problème dans ce cas, c'est l'idée que cet homme puisse
retrouver la lumière et plus encore peut
être, le pouvoir de plaire, voire même d'être applaudi! C'est visiblement cette
exposition publique qui parait obscène, particulièrement à tous ceux qui
militent contre les violences faites aux femmes.
Sur le plan moral, on peut être d'accord. Sur le plan journalistique ou
artistique c'est une
toute autre affaire.
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