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Le rendez-vous de la médiatrice. Attaque de Villeurbanne : des informations trop anxiogènes sur franceinfo ?

Des auditeurs ont écrit à la médiatrice pour évoquer le traitement de l’attaque au couteau de Villeurbanne, et le témoignage de Sofiane, ce jeune homme 17 ans qui s’est interposé, qui a tout fait pour sauver une victime.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Agression Villeurbanne (FRANCEINFO)

Des auditeurs s’étonnent du contenu anxiogène de nos journaux d’informations. Pour en parler, Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction de franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France.

Des auditeurs ne comprennent pas pourquoi le passé judiciaire de Sofiane, le jeune homme qui a tenté de maîtriser l’agresseur au couteau à Villeurbanne, a été mentionné par le journaliste à la fin du reportage. 
Un auditeur écrit : "Où était le rapport avec l’intervention ? À quel moment son passé a à voir avec l’acte héroïque qu’il vient de faire ? C’est désolant. D’un acte héroïque vous le rabaissez plus bas que terre et tout à la fin du reportage, histoire que ça ne passe pas inaperçu !"

franceinfo : que répondez-vous à cette critique ?

Jean-Philippe Baille : il y a un malentendu concernant ce reportage, ou ces deux reportages. Notre correspondant à Lyon, Christophe Vincent, a longuement rencontré Sofiane, et c’est Sofiane lui-même qui fait état de son passé de délinquant. Notre auditeur a retenu la première partie de l’interview, moi la seconde, quand il dit qu’il est prêt à faire des sacrifices pour sauver des vies. C’est vrai que dans un second temps, on a fait un reportage sur son passé, il est vrai peu approprié.

D'autres auditeurs évoquent aussi l'aspect anxiogène de l’antenne avec ce message parmi d’autres : "Je trouve que les informations sont souvent négatives dans vos journaux. Par exemple, hier : féminicides, attaque mortelle à Villeurbanne, tornade Dorian, naufrage aux États-Unis, licenciements. Pourquoi parle-t-on si souvent des faits divers, on se croirait en direct d’un tribunal ou d’un commissariat de police."

Peut-être faut-il rappeler quelques évidences en matière journalistique ?

Jean-Philippe Baille : l’information par essence est anxiogène. Même sur un sujet économique, cela peut être anxiogène lorsque par exemple on évoque un plan social avec les conséquences que cela peut avoir sur les salariés.
Mais ici à franceinfo, on ne traite pas de faits divers pour leur côté sensationnel mais plutôt pour leur aspect sociétal.

On ne traite pas un meurtre parce que c’est un meurtre mais parce qu’il dit quelque chose de notre société. Nous essayons toujours de trouver le juste équilibre, pour ne pas avoir une antenne trop négative. Sur des dossiers lourds, on regarde ce qui se passe à l’étranger, y-a-t-il d’autres solutions. Nous avons aussi mis en place la nouvelle chronique, notamment sur l’environnement à retrouver tous les matins. Là, notre but n’est pas de faire peur aux gens.

Dernière critique des auditeurs : franceinfo ferait de la surenchère en matière de polémique. Je cite l’extrait de l’un des mails reçus : "Trop d’informations ne sont présentées qu’avec un discours et une tonalité polémiques. Est-ce que franceinfo peut arrêter d’être une radio participant à créer, maintenir, multiplier les polémiques."

Comment expliquer cette perception de l’antenne par des auditeurs ?

Le but n’est pas de faire polémique mais de mettre sur la table tous les débats de société, c’est cela qui fait avancer l’information, les opinions des uns et des autres. Chacun prend ensuite la pensée qui l’intéresse. On fait du débat pour faire avancer les idées.

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