Le rendez-vous de la médiatrice. La couverture éditoriale sur franceinfo de la mission Alpha avec Thomas Pesquet
Des auditeurs et internautes semblent ne pas apprécier le traitement éditorial que franceinfo a choisi d'accorder à la mission du spationaute français Thomas Pesquet, actuellement à bord de l'ISS. Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction, répond à leurs interrogations avec la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.
Cette semaine nous avons pris un peu de hauteur à franceinfo. Nous nous sommes tournés vers les étoiles, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas plu à tout le monde. Pour en parler, Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France, reçoit Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.
Emmanuelle Daviet : Un auditeur nous écrit :
"Comment pouvez-vous donner une place aussi écrasante au départ de Thomas Pesquet pour la Station spatiale internationale ? Des hommes et des femmes partent souvent sur cette station. Alors, pourquoi un tel battage ? Ce n’est pas un scoop. Il n’y avait plus aucune autre information, vendredi dernier, sur votre antenne."
Matthieu Mondoloni, comment expliquez-vous la couverture médiatique accordée à cette mission spatiale ?
Matthieu Mondoloni : Ça reste un évènement important, malgré tout, il y a 600 hommes et femmes qui sont partis dans l’espace depuis l’histoire de la Conquête, le début de l’histoire la conquête spatiale. C’est effectivement beaucoup, et en même temps très, très peu, par rapport, par exemple, aux personnes qui prennent le train. Donc, il s’agissait de s’y intéresser. Ça reste historique aussi, parce que c’est un événement qui nous sortait aussi d’une actualité qui est parfois très anxiogène.
On parle beaucoup du Covid, on parle beaucoup de la vaccination, on parle beaucoup de maladies, et on nous reproche parfois de ne parler que de ces mauvaises nouvelles. Là, en l’occurrence, c’est un exploit scientifique qui, certes, n’est pas inédit, mais reste très intéressant, et que nous avions envie de faire vivre.
Emmanuelle Daviet :
On poursuit avec cette remarque : "Je n’ai rien contre Thomas Pesquet, efficace vulgarisateur scientifique, mais il n’est ni le commandant, ni le pilote de cette mission spatiale. Ce n’est pas parce que les Français ne connaissent que lui qu’il faut lui en attribuer tout le mérite."
Et un autre auditeur s’interroge : "Honnêtement, objectivement, est-ce qu’on n’en fait pas un peu beaucoup autour de Thomas Pesquet ?"
Matthieu Mondoloni Thomas Pesquet bénéficie d’une impressionnante médiatisation. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Déjà parce qu’il est lui-même très médiatique, c’est quelqu’un qui a compris aussi l’air de notre temps. Il se sert des réseaux sociaux, il est très présent, il envoie des photos de l’espace. Même si on sait que ce n’est pas directement lui. Mais il joue de ça, lui et sa communication. Ensuite, il n'est certes pas pilote parce que ça, ce sont les Américains qui se réservent ce droit sur ces équipages qui partent dans l’espace, d’être les pilotes. Voilà ça, c’est de la diplomatie spatiale, si j’ose dire.
Néanmoins, il deviendra le commandant de cette station internationale d’ici la fin de la mission, d’ici ces six mois dans l’espace. Donc, ça reste un des personnages très importants parmi les quatre astronautes qui sont partis dans l’espace sur cette mission.
Emmanuelle Daviet :
On termine avec le parallèle fait par de très nombreux auditeurs entre le dérèglement climatique et ces missions spatiales dont ils ne comprennent pas l’intérêt.
Premier message :
"Je suis de plus en plus en colère contre cette admiration béate de la conquête spatiale et de l’exploration de Mars. C’est ça, le projet de l’humanité ? Envoyer quelques privilégiés dans l’espace pendant qu’on est des milliards à crever de pollution et de réchauffement climatique. C’est insupportable. Cet argent public devrait être employé pour des recherches au bénéfice de tous."
Et puis, un autre message : "Depuis que j’ai découvert la réalité de l’urgence environnementale, je ne comprends plus l’intérêt d’investir dans la recherche spatiale. Ça ne me fait plus rêver. Merci de m’expliquer."
Matthieu Mondoloni, que vous inspirent ces réflexions de vos auditeurs ?
D’abord, pour parler de faits, il faut savoir que la conquête spatiale et les investissements qui sont réalisés, ça coûte 2 euros par an et par européen. Donc ce n’est pas un budget que l’on peut comparer avec d’autres budgets beaucoup plus importants. Après, évidemment, je comprends l’idée d’envoyer quelqu’un dans l’espace, on se dit : "Eux, ils s’évadent, ils partent, et ils n’ont pas de conscience écologique".
C’est faux, parce que de nombreuses recherches qui sont menées à bord de la Station spatiale internationale ont trait à des questions d’écologie. Et beaucoup d’astronautes qui reviennent de cette station reviennent, certes avec des avancées scientifiques, mais aussi avec une conscience écologique. De nombreux parmi eux ont témoigné de ça en disant qu’ils avaient compris aussi, en voyant notre petite planète de là-haut, quelle était l’urgence d’intervenir et de se saisir de ces questions climatiques.
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