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Le rendez-vous de la médiatrice. Le port du voile, la manif des pompiers et l'affaire Dupont de Ligonnès

Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France, reçoit Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction de franceinfo, pour revenir sur les sujets qui ont fait l'actualité cette semaine : le port du voile, la manifestation des pompiers le 15 octobre, et l'affaire Dupont de Ligonnès.  

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
A Dijon (Côte-d'Or), Julien Odoul, un élu du RN, s'en est pris à une femme voilée, le 11 octobre 2019, au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. (France 3)

Tout au long de la semaine, le voile a occupé l’espace médiatique, il suscite beaucoup de courriers avec des prises de position très marquées chez les auditeurs.

franceinfo : Quelle est votre ligne éditoriale pour traiter cette actualité ?

Jean-Philippe Baille : Notre ligne éditoriale est toujours la même : exposer les faits, donner la parole à l'ensemble des acteurs du débat public, d'autant plus quand c'est un sujet sensible comme celui-ci. Tout au long de la semaine, on a essayé d'expliquer, de remettre les faits en perspective.

Nous avons voulu prendre de la distance, ne pas participer au débat, et seulement mettre sur la table les différentes positions. C'est ensuite à chacun de se positionner, selon ses propres convictions. Je considère que notre rôle, lorsque de tels débats agitent notre société, est de donner les clés pour comprendre et pour permettre à nos auditeurs de se faire leur propre avis sur la question.

Couverture de la manifestation des pompiers ce 15 octobre

On poursuit avec cette remarque sur la manifestation des pompiers mardi dernier. Une auditrice écrit :
"Je m’étonne qu’il en a été si peu question sur votre antenne. Des gaz lacrymogènes ont été déversés dans les couloirs du métro, en pleine heure de pointe, provoquant une panique indescriptible. N'est-il pas important de relayer cela sur une chaîne d'information ? Nous avons eu droit à une édition spéciale sur la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès, en revanche, le matraquage de personnes respectables et le gazage de civils ne méritent que quelques phrases. Je ne comprends pas."

Quelle réponse peut-on lui apporter ?

Cette information, cela est vrai, doit avoir toute sa place sur notre antenne, comme les autres informations d'ailleurs. Nous avons expliqué le malaise des pompiers, nous avons suivi la manifestation parisienne, nos reporters ont réalisé plusieurs reportages dans l'après-midi et la soirée.

Et sans doute aurions-nous dû y revenir le lendemain matin : nous avons débattu à ce sujet à la rédaction, nos reporters sur place ayant estimé que ces événements ne pouvaient pas résumer à eux-seuls la manifestation, nous avons décidé de ne pas faire de suite. Mais encore une fois, il aurait certainement fallu revenir dessus. Et c'est d'ailleurs un regret.

Le traitement éditorial de la fausse arrestation Xavier Dupont de Ligonnès

Justement, pour finir, revenons sur le traitement éditorial de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès. Vincent Giret, directeur de franceinfo a répondu dès dimanche matin aux nombreuses questions des auditeurs. 

Une semaine après les faits, quels enseignements tirez-vous de cette séquence ?

Jean-Philippe Baille : De nombreux enseignements. Car on ne le répétera pas assez, nous sommes ici à franceinfo malheureux, meurtris même, d'avoir relayé cette fausse information. Car nous voulons être un média de confiance pour nos auditeurs. Que s'est-il donc passé depuis ?

Nous avons réuni la rédaction lundi matin avec Vincent Giret, le directeur de franceinfo ; nous avons refait le fil de cet événement avec tous les journalistes qui avaient travaillé sur le sujet. Chacun a ainsi exprimé son point de vue et nous avons décidé de revoir un certain nombre de nos procédures de vérification, ou de gestion de l'antenne. Nous avons revu tout cela avec détail.

Je crois, toutefois, que nous avons fait notre travail, compte tenu des éléments qui étaient en notre possession à ce moment-là, et de ce que disaient nos sources, très officielles. Il ne faut pas oublier que, sur cette affaire, la police des polices a été saisie. Mais il n'empêche qu'il n'est pas acceptable pour franceinfo de relayer une mauvaise information comme celle-là, et nous nous engageons à être encore plus scrupuleux et vigilants à l'avenir.

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