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Le rendez-vous du médiateur. Comptage des manifestants : la fin des chiffres fantaisistes ?

Que faire pour approcher la vérité des chiffres sur le nombre de manifestants lors des défilés et des rassemblements ? Chiffres que réclament les auditeurs. Des précisions avec Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo.

Article rédigé par franceinfo, Bruno Denaes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre la réforme du Code du travail à Paris, le 21 septembre 2017. (MAXPPP)

Selon la police, 8 000 manifestants lors du dernier défilé contre les réformes "Macron". 40 000, selon la CGT, cinq fois plus. Même écart lors du rassemblement Fillon, au Trocadéro, en mars dernier. 200 000 participants selon François Fillon ; pourtant, l’endroit ne peut accueillir que 40 000 personnes. Les chiffres transmis par les organisateurs de manifestations sont de plus en plus fantaisistes et ne correspondent à aucune réalité. De nouvelles technologies tentent de répondre à ce problème.

Erik Kervellec : "Oui ! Aujourd’hui, la presse frise le ridicule en affichant ces deux chiffres, ceux de la police et ceux des organisateurs des manifestations, ce qui entame notre crédibilité. Les représentants de la plupart des médias nationaux, dont Radio France, se sont réunis à l’initiative de Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter, avec une question simple."

Quelle alternative pour que les médias gardent leur crédibilité et proposent des chiffres justes aux auditeurs ?

"Nous avons décidé de faire appel à une société de comptage de foule. C’est un savoir-faire déjà utilisé dans le monde de l’entreprise. Elle utilise un système de capteurs numériques dissimulés sur le passage d’une manifestation. Il s’agit pour nous d’avoir des chiffres justes afin de savoir si oui ou non il y a eu une mobilisation pour telle ou telle manifestation."

"Des auditeurs ont déjà réagi en mettant en doute l’honnêteté d’une société privée et le fait d’ "oublier" de compter les manifestants sur le trottoir."

S’assurer que ce nouveau "thermomètre" présente toutes les garanties de sérieux et d’indépendance

"Il faut vérifier que la société ne soit pas instrumentalisée. C’est ce qui est en train d’être fait. Concernant les manifestants sur les trottoirs, le problème est inverse, puisque le système compte toute les personnes, y compris les éventuels passants. Donc il y a une marge d’erreur que l’on tente de corriger par une sorte de pondération."

"On peut rapprocher cela de calculs ponctuels menés il y a déjà quelques temps par des médias, des universitaires et des spécialistes indépendants. Les chiffres des syndicats ou des politiques étaient apparus totalement faux. Cela va permettre aussi de crédibiliser un peu plus les médias sérieux et professionnels face aux fausses informations qui circulent de plus en plus."

Quand allez-vous mettre en place ce nouveau mode de comptage ?

"Nous avons déjà testé ce système sur trois manifestations, souligne Erik Kervellec. Pour la dernière mobilisation : 8 000 personnes selon la police, 40 000 selon la CGT. Notre comptage par capteurs a relevé 8 250 manifestants.

La prise en compte systématique de ces chiffres devrait commencer dans quelques semaines. Nous devons être vraiment sûrs de notre système."

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